lundi 23 janvier 2017

Luc 17.5-10

5Les apôtres dirent au Seigneur : Donne-nous plus de foi. 6Le Seigneur répondit : Si vous aviez de la foi comme une graine de moutarde, vous diriez à ce sycomore : « Déracine-toi et plante-toi dans la mer », et il vous obéirait. 7Qui de vous, s'il a un esclave qui laboure ou fait paître les troupeaux, lui dira, quand il rentre des champs : « Viens tout de suite te mettre à table ! » 8Ne lui dira-t-il pas au contraire : « Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, jusqu'à ce que j'aie mangé et bu ; après cela, toi aussi, tu pourras manger et boire. » 9Saura-t-il gré à cet esclave d'avoir fait ce qui lui était ordonné ? 10De même, vous aussi, quand vous aurez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : « Nous sommes des esclaves inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire. » 

Chers frères et soeurs, chers amis 

Donne-nous plus de foi. La demande des apôtres est pressante. On dirait presque que la foi leur apparaît presque aussi nécessaire que l'oxygène. Il faut dire que Jésus vient de leur asséner un vrai coup dans la figure. Dans les passages qui précédent notre texte, Jésus prononce en effet des paroles très dures: « Malheur à celui qui entraîne les autres à pécher; il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse pierre et qu'on le jette dans la mer » (Luc 17.1-2) ou encore « Si ton frère se rend coupable à ton égard sept fois en un jour et que chaque fois il revienne te dire : “Je le regrette”, tu lui pardonneras. » (et Matthieu précise que Jésus demande même qu'on pardonne 77x7 fois!!). Avertissement solennel contre ceux qui font chuter leurs frères et soeurs, obligation d'une attitude de pardon complet et radical: les apôtres sentent sur leurs épaules tout le poids des exigences exorbitantes de Jésus. Alors, conscients de leur faiblesse et de leur incapacité à obéir à ces commandements, ils se tournent vers Christ et implorent son aide. Cette attitude est saine, mais elle manque quand même la cible. Elle est saine parce que la Loi a fait son oeuvre dans le coeur des apôtres. La Loi, c'est en fait tout ce que Dieu exige de nous et qui peut se résumer ainsi: « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même ». Paroles magnifiques, mais aussi terribles, parce qu'il nous suffit de regarder dans nos actions, nos paroles et nos pensées pour nous rendre compte à quel point nous manquons d'amour. Nous sommes bien loin du but! Nous n'y arrivons pas, malgré tous nos efforts! La Loi fait son oeuvre: elle montre nos manquements et nous incite à regarder ailleurs qu'en nous-mêmes, vers Dieu lui-même. C'est ce que font les apôtres, mais c'est aussi là qu'ils manquent la cible: « donne nous plus de foi ». Les apôtres ont l'air de considérer la foi comme une sorte de puissance, une énergie, un peu comme s'ils étaient les gaulois du village d'Astérix qui demandent la potion magique au druide quand les Romains attaquent! On dirait que pour les apôtres, la foi peut être comptée, pesée. Cela me rappelle cette fois où j'ai entendu dire, après qu'un chrétien soit décédé d'une longue maladie: « nous n'avons pas eu assez de foi quand nous avons demandé sa guérison dans la prière ». C'est le genre de parole bien pieuse et totalement anti-biblique qui me révulse. Ce n'est pas comme si nous avions besoin d'un gramme de foi pour une journée ordinaire, de 10 grammes pour passer le Bac et de 10 kg pour affronter victorieusement un cancer! Si nous pensons que Dieu n'a pas répondu comme nous le voulions à une de nos prières, ce n'est pas par manque de foi. Avec Dieu tout est possible, mais cela ne veut pas dire que ce « tout » s'intègre dans le plan de Dieu. 

Les apôtres se sont placés sur le plan de la quantité. Il leur faut plus de foi. Leur problème, c'est qu'il ne comprennent justement pas ce qu'est la foi, et comment elle « fonctionne ». 
C'est ce que Jésus va leur expliquer. Si vous aviez de la foi comme une graine de moutarde, vous diriez à ce mûrier : « Déracine-toi et plante-toi dans la mer », et il vous obéirait La graine de moutarde est une des plus petites qui existent. Ce n'est donc pas une question de quantité dit Jésus. Une mesure presque infime de foi est suffisante pour accomplir quelque chose d'extraordinaire, comme envoyer un sycomore (un grand arbre avec des racines très étendues et profondes) dans la mer. Or, dans le texte original, Jésus emploie un conditionnel qui devrait être traduit ainsi « si vous aviez de la foi comme une graine de moutarde, et vous l'avez... » C'est un peu comme une femme qui attend un enfant. Vers la fin de la grossesse de mon épouse, quelqu'un m'a dit « tiens, j'ai vu ta femme l'autre jour, elle est très enceinte maintenant ». L'expression m'a fait sourire, parce qu'on est pas très enceinte ou un peu enceinte. On est enceinte ou on ne l'est pas, et peu importe que l'ovule vienne juste d'être fécondé ou qu'on soit à la fin du neuvième mois!De la même façon, la question n'est pas d'avoir beaucoup de foi ou peu de foi. La question est de savoir si on a la foi ou non. Jésus invite donc les apôtres à entrer dans une nouvelle dimension, à réaliser le potentiel que la foi a placé en eux. La foi ne se mesure donc pas à la louche. Ce qui compte, ce n'est pas son poids ou sa grandeur, mais sa réalité. Qu'est-ce que la foi? Nous avons déjà vu ce qu'elle n'est pas: une sorte de puissance magique, de talisman mental. La foi n'est pas non plus une supériorité intellectuelle qui nous permettrait de sonder tous les mystères de l'univers et de nos existences en ayant toujours les bonnes réponses. Notre moi « foi » vient du latin « fides » qui voulait dire « confiance ». La foi, c'est simplement la confiance. Nous avons tous foi en quelque chose. Certains mettent leur confiance dans leur compte en banque, d'autres dans leur famille, les chrétiens sont ceux qui placent leur confiance en Dieu. Les chrétiens sont ceux qui se confient en Christ, en son message, en ce qu'il a fait pour le monde. Avoir foi en Jésus, cela veut se reposer sur lui, lui faire confiance pour nous donner ce nouveau regard qui va nous permettre de voir différemment notre vie et le monde qui nous entoure. Et si nous plaçons notre confiance en Jésus, malgré les doutes, les questionnements qui nous assailleront certainement et qui ne sont parfois pas mauvais, alors de grandes choses pourront s'accomplir. L'autre élément de la foi, c'est la loyauté, la fidélité. Le chrétien est fidèle envers son Dieu, dont il a tant reçu. C'est ce que Jésus cherche à faire comprendre dans la seconde partie de notre texte, quand il raconte l'histoire de cet esclave qui n'est pas remercié après avoir accompli toute ses tâches. Ce n'est pas ici que Jésus approuve l'esclavage, il utilise juste une image courante de son époque pour faire passer une vérité d'ordre spirituel. Pourquoi les apôtres demandent-ils à avoir plus de foi? Pour pouvoir avoir la force d'obéir aux commandements. Pourquoi toutes les religions du monde disent-elle aux humains d'obéir à Dieu? Pour gagner ses faveurs! En utilisant cette image abrupte, Jésus veut nous faire comprendre que Dieu ne nous devra jamais rien. Nos oeuvres ne nous permettront jamais d'acquérir un statut auprès de lui. Quand bien même nous réussirions à aimer Dieu de tout notre coeur et notre prochain comme nous-mêmes, nous n'aurions rien fait d'extraordinaire, mais seulement ce qui est exigé de nous. Nous en sommes loin!! Notre fidélité envers Dieu n'est donc pas mue par le désir de gagner des points auprès du Seigneur ou de se faire bien voir d'on ne sait qui. Un homme n'est pas fidèle à son épouse par respect des convenances sociales ou parce qu'il en attend une récompense. Il lui est fidèle parce qu'il l'aime, et c'est bien l'amour qui doit être au coeur de notre relation avec Dieu, un amour qui est venu de Dieu en premier. Jésus n'aura jamais à nous dire « merci de me faire confiance, merci de m'être fidèle ». Ce sera plutôt à nous de lui dire « merci Jésus parce que je peux te faire confiance, merci Jésus parce que tu es fidèle ». Voilà aussi ce qu'apporte la foi: l'assurance que Jésus nous a déjà donné ce dont nous avions besoin pour être sauvés, restaurés, et que nous n'avons plus à être sous l'esclavage de la Loi. Jésus nous a parlé aujourd'hui de ce sycomore envoyé dans la mer. Envoyé? Pas tout à fait. Car le texte dit bien « planté ». Planté, c'est-à-dire enraciné, capable de porter du fruit et de grandir. Et bien, c'est bien cela que la foi permet. Le sycomore, ce grand arbre, c'est le symbole de la vie dans toute sa force. La mer, pour les Hébreux, c'est le symbole de la mort. La foi, c'est la main vide et tendue qui permet à Dieu de planter dans toutes nos morts (espoirs déçus, relations brisées) toute la puissance d'une nouvelle vie. C'est ce que le Seigneur veut faire pour chacun de nous, car il est le Dieu de la vie, parce que son Fils a vaincu la mort. Alors, ouvrons nos coeurs à cette nouvelle vie, à cet amour qui vient du Père. Faisons lui confiance pour tenir toutes les promesses qu'il nous fait dans sa Parole. Il est fidèle et il nous le montrera.

dimanche 15 janvier 2017

Le salut vient des Juifs (Jean 4.22)

De leur race étaient les Patriarches, et naturellement de leur race aussi est qui en sa personne récapitule les grâces de Dieu:
celui qui a l'adoption par excellence;
celui a qui appartient toute gloire;
celui qui est le médiateur d'une Alliance éternelle;
celui qui a complètement accompli la Loi;
celui qui a apporté à Dieu le culte d'une adoration parfaite;
celui qui a incarné en sa personne toutes les promesses divines.
Juive aussi était la Vierge Marie à qui aboutit, comme à la fleur sublime de l'arbre de Jessé, toute la tradition prophétique et toute la préparation messianique
Juif est Jésus, fils de Marie.
Juif est tout son entourage: ses camarades d'école, les clients de l'atelier du charpentier, les auditeurs du prophète prêchant sur la montagne ou au bord du lac, les malades guéris à part quelques exceptions que l'Evangile souligne. Juifs encore les Douze; et, lorsque l'Eglise chrétienne fut fondée à Jérusalem, elle fut entièrement juive, de fait et d'intention. Les 3000 qui reçurent le baptême et entrèrent en elle sous l'autorité des apôtres: tous étaient Juifs.
C'est le Reste Fidèle dont parle S. Paul, ceux qui n'ont pas fléchi le genou devant Baal et au nombre desquels, il appartient aussi, lui l'Hébreu né d'Hébreux, dont l'extraordinaire destinée devait être d'ouvrir la porte de l'Eglise aux païens, sur un pied d'égalité avec le Peuple élu.

texte du pasteur Louis Dallière, 20 octobre 1941. Cité par le pasteur Pierre Courthial dans son livre De Bible en Bible (l'Age d'Homme, 2002)

mercredi 11 janvier 2017

Confession de Foi d'Evangile 21

Préambule

Nous constituons un groupement de pasteurs et de responsables chrétiens profondément décidés à renouveler leur foi dans l’Évangile du Christ et à repenser leurs pratiques et leurs ministères pour les conformer entièrement aux Écritures. Nous sommes fortement préoccupés par certains mouvements issus du milieu évangélique traditionnel qui semblent actuellement relativiser la vie de l’Église et nous éloigner de nos croyances et pratiques historiques : d’une part, ces mouvements cautionnent la politisation de la foi et l’idolâtrie que constitue le consumérisme individuel ; d’autre part, on y tolère tacitement le relativisme théologique et moral. Ces dérives ont abouti à l’abandon de la vérité biblique et du style de vie transformé qui sont le reflet de notre foi historique. Non seulement nous entendons parler de ces courants, mais nous en constatons les effets sur le mouvement évangélique. Nous nous sommes donc engagés, par ces documents fondateurs, à insuffler à nos Églises un nouvel espoir et une joie contagieuse, basés sur les promesses reçues par la grâce seule, au moyen de la foi seule, en Christ seul.
Nous croyons qu’il existe au sein de nombreuses Églises évangéliques un consensus profond et largement partagé sur les vérités de l’Évangile. Nous constatons pourtant que dans nombre d’Églises la célébration de notre union avec le Christ est remplacée par l’attrait séculaire du pouvoir et de la richesse, ou par un repli quasi monastique dans l’attachement aux rites, à la liturgie ou aux sacrements. Or, ce qui tend à remplacer l’Évangile dans les Églises ne favorisera jamais une foi ardente centrée sur la mission, solidement ancrée dans la vérité, manifestée par une vie de disciple sans complexes ; une foi qui endure les épreuves et les sacrifices liés à la vocation et au ministère. Nous désirons avancer sur la Voie royale, visant constamment à apporter réconfort, encouragement et enseignement aux responsables de l’Église d’aujourd’hui et de demain afin qu’ils soient mieux équipés pour nourrir leurs ministères de principes et de pratiques qui glorifient le Sauveur et procurent du bien à ceux pour lesquels il a versé son sang.
Nous voulons susciter un élan unificateur parmi tous les peuples, un zèle pour honorer le Christ et multiplier le nombre de ses disciples, les rassemblant autour de Jésus au sein d’une authentique coalition. Une telle mission, fondée sur la Bible et centrée sur la personne de Christ, est le seul avenir viable pour l’Église. Cette conviction nous incite à nous joindre à tous ceux qui sont persuadés que la miséricorde de Dieu en Jésus-Christ est notre unique espoir de salut éternel. Nous désirons défendre cet Évangile avec clarté, compassion, courage et joie, unissant joyeusement notre cœur à celui des autres croyants par-delà les barrières confessionnelles, ethniques et sociales.
Notre désir est de servir l’Église que nous aimons en invitant tous nos frères et sœurs à se joindre à nous dans cet effort refondateur de l’Église contemporaine sur l’Évangile historique de Jésus-Christ, de sorte que nos vies et nos discours soient pleinement authentiques et intelligibles pour les gens de notre époque. En tant que pasteurs, nous avons l’intention de le faire par les moyens habituels de la grâce que sont la prière, le ministère de la Parole, le baptême et la Cène, et la communion des saints. Nous désirons ardemment travailler avec tous ceux qui, non seulement acceptent la confession de foi et la vision exposées ici, mais également soumettent l’ensemble de leur vie à la seigneurie du Christ, avec une confiance inébranlable dans la puissance de l’Esprit pour transformer les personnes, les peuples et les cultures. Vous trouverez ci-après notre confession de foi et notre vision théologique du ministère, une vision enracinée dans les Écritures et centrée sur l’Évangile.

Confession de Foi

(1) Le Dieu trinitaire

Nous croyons en un seul Dieu, existant éternellement en trois personnes de divinité égale : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui se connaissent, s'aiment et se glorifient mutuellement. Ce seul Dieu vivant et vrai est infiniment parfait dans son amour et dans sa sainteté. Il est le Créateur de toutes choses, les visibles et les invisibles ; il est donc digne de recevoir toute gloire et toute adoration. Immortel et éternel, il connaît parfaitement et entièrement la fin dès le commencement, soutient toutes choses et domine souverainement sur elles ; il réalise providentiellement ses desseins bons et éternels de racheter un peuple pour lui-même et de restaurer sa création déchue, à la louange et à la gloire de sa grâce.

(2) La Révélation

Dans sa grâce, Dieu a révélé son existence et son pouvoir dans le domaine créé, et il s'est révélé de façon suprême aux êtres humains déchus dans la personne de son Fils, la Parole incarnée. De plus, ce Dieu est un Dieu qui parle ; par son Esprit, et par grâce, il s'est révélé en termes humains. Nous croyons que Dieu a inspiré les mots inscrits et préservés dans les Écritures, formées des soixante-six livres de l'Ancien et du Nouveau Testaments qui sont, tous les deux, le récit et le moyen de son œuvre de salut dans le monde. Seuls ces écrits constituent la Parole de Dieu verbalement inspirée, revêtue d'une pleine autorité et exempte d'erreur dans les textes originaux, complète dans la révélation de sa volonté en matière de salut, suffisante pour tout ce que Dieu nous demande de croire et de faire, supérieure et ultime dans son autorité sur tous les domaines de la connaissance dont elle parle. Nous confessons que notre finitude et notre nature de pécheur excluent toute possibilité de connaître la vérité de Dieu dans toute son étendue, mais nous affirmons qu'éclairés par l'Esprit de Dieu, nous pouvons véritablement connaître la vérité divine révélée. Il convient de croire la Bible dans tout ce qu'elle enseigne, en tant qu'instruction de Dieu ; d'obéir à tout ce qu'elle exige, en tant que commandement de Dieu ; de lui faire confiance dans tout ce qu'elle promet, en tant que gage de Dieu. En écoutant, croyant et mettant en pratique la Parole, le peuple de Dieu s'équipe pour former les disciples du Christ et les témoins de l'Évangile.

(3) La Création de l'Humanité

Nous croyons que Dieu a créé les êtres humains, homme et femme, à son image. Adam et Ève appartenaient à l'ordre créé que Dieu lui-même qualifia de très bon ; ils servaient en tant qu'agents de Dieu pour prendre soin de la création, la gérer et la gouverner, vivant en communion sainte et totale avec leur Créateur. Les hommes et les femmes, tous créés à l'image de Dieu, bénéficient d'un même accès à Dieu par la foi en Christ Jésus ; ils sont tous appelés à dépasser le stade de la complaisance passive pour s'engager, en privé comme en public, dans la famille, l'Église et la vie civique. Adam et Ève furent créés pour se compléter dans une union d'une seule chair qui définit le seul modèle normatif pour les relations sexuelles entre hommes et femmes, de telle sorte que le mariage sert de modèle suprême de la relation existant entre le Christ et son Église. Selon les sages desseins de Dieu, les hommes et les femmes ne sont pas interchangeables, mais se complètent de façon mutuellement enrichissante. Dieu veut qu'ils assument des rôles distincts qui reflètent la relation d'amour entre le Christ et l'Église, le mari exerçant l'autorité d'une manière qui reflète l'amour attentionné et sacrificiel du Christ, et l'épouse se soumettant à son mari d'une manière qui illustre l'amour de l'Église pour son Seigneur. Dans le ministère de l'Église, les hommes et les femmes sont encouragés à servir le Christ et à atteindre leur plein potentiel dans les divers ministères au sein du peuple de Dieu. Le rôle de leader confié dans l'Église à des hommes qualifiés se fonde sur la création, la chute et la rédemption ; il ne doit pas être mis de côté par référence à des développements culturels.

(4) La Chute

Nous croyons qu'Adam, créé à l'image de Dieu, a déformé cette image et perdu son innocence heureuse originelle, et l'a fait perdre à toute sa descendance, en tombant dans le péché à la suite de la tentation provoquée par Satan. Il en découle que tous les êtres humains sont séparés de Dieu, corrompus dans tous les aspects de leur être (dans les domaines physique, intellectuel, volitif, émotionnel et spirituel) et finalement et irrévocablement condamnés à la mort, à moins d'une intervention de la grâce de Dieu. Le besoin suprême de tous les êtres humains est la réconciliation avec Dieu, car ils sont tous sous sa sainte et juste colère ; leur seul espoir réside dans l'amour immérité de ce même Dieu ; lui seul peut nous sauver et nous ramener à lui.

(5) Le Plan de Dieu

Nous croyons que de toute éternité, Dieu a décidé dans sa grâce de sauver une grande multitude de pécheurs coupables, issus de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. Dans ce but, il les a connus d'avance et les a choisis. Nous croyons que Dieu justifie et sanctifie ceux qui, par la grâce, ont foi en Jésus-Christ, et qu'un jour il les glorifiera, à la louange de sa grâce glorieuse. Par amour, Dieu ordonne et supplie tous les êtres humains de se repentir et de croire, ayant répandu son amour sur ceux qu'il a choisis, et désigné le Christ pour être leur Rédempteur.

(6) L'Évangile

Nous croyons que l'Évangile est la bonne nouvelle de Jésus-Christ, la sagesse même de Dieu. Extrême folie pour le monde, même si elle est puissance de Dieu pour ceux qui sont sauvés, cette bonne nouvelle est christologique, centrée sur la croix et la résurrection : l'Évangile n'est pas proclamé si le Christ ne l'est pas, et le Christ authentique n'est pas annoncé si sa mort et sa résurrection ne sont pas au centre de la proclamation (selon le message : « Christ est mort pour nos péchés… il est ressuscité »). Cette bonne nouvelle est biblique (sa mort et sa résurrection sont « selon les Écritures »), théologique et salvatrice (Christ est mort pour nos péchés afin de nous réconcilier avec Dieu), historique (si les événements relatifs au salut ne se sont pas produits, notre foi est vaine, nous sommes encore dans nos péchés et nous sommes les plus malheureux des êtres humains), apostolique (le message a été confié aux apôtres et transmis par eux, témoins de ces événements), et intensément personnelle (les individus qui la reçoivent à titre personnel, y croient et persévèrent sont sauvés).

(7) La Rédemption accomplie par le Christ

Nous croyons que, mû par l'amour et dans l'obéissance à la volonté de son Père, le Fils éternel s'est fait homme : la Parole a été faite chair ; le Christ était pleinement Dieu et pleinement homme, une personne unique en deux natures. L'homme Jésus, le Messie d'Israël promis, fut conçu par l'intervention miraculeuse du Saint-Esprit et naquit de la vierge Marie. Il obéit parfaitement à son Père céleste, mena une vie exempte de péché, accomplit des signes miraculeux, fut crucifié sous Ponce Pilate, ressuscita corporellement d'entre les morts le troisième jour et remonta au ciel. En tant que Roi et Médiateur, il s'est assis à la droite de Dieu le Père, exerce dans le ciel et sur la terre toute la souveraineté de Dieu, et est notre Souverain Sacrificateur et notre juste Avocat. Nous croyons que par son incarnation, sa vie, sa mort, sa résurrection et son ascension, Jésus-Christ a agi comme notre représentant et notre substitut. Il l'a fait pour qu'en lui nous devenions justice de Dieu : sur la croix, il a annulé le péché, rendu Dieu propice et, en subissant le plein châtiment de nos péchés, il a réconcilié avec Dieu tous ceux qui croient. Par sa résurrection, le Christ Jésus a été justifié par son Père, il a brisé le pouvoir de la mort et vaincu Satan qui le détenait, et il a communiqué la vie éternelle à tous les siens ; par son ascension, il a été éternellement exalté comme Seigneur et nous a préparé une place pour que nous soyons avec lui. Nous croyons que le salut ne se trouve en aucun autre, car il n'a été donné sous le ciel aucun autre nom par lequel nous devions être sauvés. Parce que Dieu a choisi les choses humbles de ce monde, les choses méprisées, celles qui ne sont pas, afin de réduire à néant celles qui sont, aucun être humain ne pourra jamais se glorifier devant lui ; le Christ Jésus est devenu pour nous sagesse de Dieu, c'est-à-dire notre justice, notre sainteté et notre rédemption.

(8) La Justification des Pécheurs

Nous croyons que par son obéissance et sa mort, le Christ a totalement effacé la dette de tous ceux qui sont justifiés. Par son sacrifice, il a subi le châtiment que méritaient nos péchés ; il a ainsi efficacement, réellement et pleinement satisfait la justice de Dieu à notre égard. Par son obéissance parfaite, il a satisfait les justes exigences de Dieu nous concernant, puisque cette obéissance parfaite est créditée par la foi seule à tous ceux qui croient en Christ seul pour être acceptés par Dieu. Dans la mesure où le Père nous a donné Christ, où Dieu a accepté son obéissance et son châtiment à notre place, gratuitement et sans aucun mérite de notre part, cette justification résulte uniquement de la pure grâce, pour que la justice exacte et la riche grâce de Dieu soient glorifiées dans la justification des pécheurs. Nous croyons que cette justification produit une obéissance personnelle, publique et zélée.

(9) Le Pouvoir du Saint-Esprit

Nous croyons que le Saint-Esprit applique à tous les rachetés ce salut, attesté dans toutes les Écritures et obtenu par Jésus-Christ. Envoyé par le Père et par le Fils, le Saint-Esprit glorifie le Seigneur Jésus-Christ et en tant qu'« autre » Paraclet, il est présent avec les croyants et en eux. Il convainc le monde de péché, de justice et de jugement, et par son œuvre puissante et mystérieuse, il régénère des pécheurs spirituellement morts, les pousse à la repentance et à la foi, les baptise dans l'union avec le Seigneur Jésus, de telle façon qu'ils sont justifiés devant Dieu par la grâce seule au moyen exclusif de la foi en Jésus-Christ. Par le moyen de l'Esprit, les croyants sont renouvelés, sanctifiés et adoptés dans la famille de Dieu ; ils participent à la nature divine et reçoivent les dons que l'Esprit distribue de façon souveraine. Le Saint-Esprit est lui-même le gage de notre héritage promis ; dans le siècle présent, il fait sa demeure dans le croyant, il le guide, l'instruit, l'équipe, le ranime et le revêt de puissance pour le rendre capable de mener, à l’exemple du Christ, une vie et un service dignes.

(10) Le Royaume de Dieu

Nous croyons que tous ceux que Dieu a sauvés par sa grâce à travers l'union avec le Christ, au moyen de la foi et de la régénération opérée par le Saint-Esprit, entrent dans le royaume de Dieu et jouissent des bienfaits de la nouvelle alliance : le pardon des péchés, la transformation intérieure qui fait naître le désir de glorifier Dieu, de lui faire confiance et de lui obéir, et la perspective de la gloire qui doit encore être révélée. Les œuvres bonnes constituent la preuve indispensable de la grâce salvatrice. Étant comme le sel dans un monde en décomposition et la lumière dans un monde d'obscurité, les croyants ne doivent pas s'isoler du monde ni se confondre avec lui ; nous devons au contraire faire du bien à la cité, car tout l'honneur et toute la gloire des nations reviennent au Dieu vivant. Parce que nous reconnaissons à qui appartient l'ordre créé et parce que nous sommes citoyens du royaume des cieux, nous devons aimer notre prochain comme nous-mêmes, faire du bien à tous, et notamment à ceux qui appartiennent à la famille de Dieu. Le royaume de Dieu, déjà présent mais pas encore entièrement instauré, traduit l'exercice de la souveraineté de Dieu dans le monde en vue de la rédemption finale de toute la création. Le royaume de Dieu est une puissance expansive qui pille le royaume enténébré de Satan, régénère et renouvelle, par la repentance et la foi, la vie des individus arrachés au royaume des ténèbres. Il fonde donc inévitablement une nouvelle communauté humaine sous l'autorité de Dieu.

(11) Le Nouveau Peuple de Dieu

Nous croyons que le peuple de Dieu issu de la nouvelle alliance est déjà entré dans la Jérusalem céleste ; il est déjà assis avec le Christ dans les lieux célestes. Cette Église universelle se manifeste dans des Églises locales dont le Christ est le seul chef ; c'est pourquoi, chaque « Église locale » est, de fait, l’Église, la maison de Dieu, l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et l'appui de la vérité. L’Église est le corps du Christ, la prunelle de ses yeux, elle est gravée sur ses mains, il s'est engagé éternellement à son égard. L’Église se distingue par son message évangélique, ses ordonnances sacrées, sa discipline, sa grande mission et, par-dessus tout, par son amour pour Dieu ainsi que par l'amour de ses membres les uns pour les autres et pour le monde. Cet Évangile que nous chérissons comporte des dimensions à la fois personnelles et communautaires, dont aucune ne doit être négligée. Le Christ Jésus est notre paix ; il n'a pas seulement établi notre paix avec Dieu, mais également entre des êtres humains qui étaient séparés. Son but était de créer en lui-même une nouvelle humanité, en faisant la paix et de réconcilier en un seul corps le Juif et le non-Juif par la croix, par laquelle il a fait cesser leur hostilité. Lorsque ses membres se mettent au service les uns des autres et au service de leur prochain au lieu d'être centrés sur eux-mêmes, l'Église sert de signe annonciateur du futur nouveau monde promis par Dieu. L'Église est la demeure de l'Esprit de Dieu et le témoin permanent de Dieu dans le monde.

(12) Le Baptême et la Sainte Cène

Nous croyons que le baptême et la sainte Cène sont des institutions du Seigneur Jésus lui-même. Le baptême est lié à l'entrée d’un individu dans la nouvelle communauté de l'alliance, la sainte Cène au renouvellement permanent de l'alliance. Ils constituent ensemble à la fois le gage que Dieu nous a laissé, les moyens de grâce établis par Dieu, notre engagement public de soumission au Christ crucifié autrefois et désormais ressuscité, et l'anticipation de son retour et de l’achèvement de toutes choses.

(13) Le rétablissement de toutes choses

Nous croyons au retour personnel, glorieux et corporel de notre Seigneur Jésus-Christ avec ses saints anges, quand il viendra exercer son rôle de Juge final et instaurer son royaume. Nous croyons à la résurrection corporelle des justes et des injustes – les injustes pour le jugement et un châtiment éternel conscient en enfer, ainsi que notre Seigneur l'a enseigné, les justes pour le bonheur éternel dans la présence de celui qui est assis sur le trône et de l'Agneau, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, où la justice habitera. Ce jour-là, l'Église sera sans défaut et sans tache devant Dieu grâce à l'obéissance, aux souffrances et au triomphe du Christ. Tout péché aura disparu et ses effets maudits seront à jamais supprimés. Dieu sera tout en tous et son peuple sera en extase devant l'immédiateté de sa sainteté ineffable ; tout sera alors à la louange de sa grâce glorieuse.

vendredi 6 janvier 2017

Sermon pour la fête de l'Epiphanie par Martin Luther

Quand ils virent l'étoile, ils furent remplis d'une très grande joie...et il lui offrirent des cadeaux, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Matthieu 2.10-11


La première chose qu'il nous faut remarquer lorsque les mages sont venus à la recherche de Christ, le Roi nouveau-né, est qu'ils ne l'ont pas trouvé à Jérusalem. Pour avoir des précisions sur le lieu de sa naissance, il leur fallait les demander au prophète Michée. Et c'est seulement après qu'ils eurent reçu la Parole -vous voyez l'importance qu'il y a à bien écouter la Parole de Dieu-, qu'ils se remirent en route, vers Bethléem cette fois.

Jugez de leur surprise quand ils virent qu'à peine se trouvaient-ils hors des murs de la ville, l'étoile se remettait à briller devant eux pour ne s'arrêter que devant l'étable où le bébé dormait, sous le regard affectueux de ses parents. C'est peu dire qu'ils ont été surpris. Ils ont été aussi consolés, réconfortés, encouragés. Pensez à ce qu'aurait été leur déception si, au terme d'un si long voyage, ils n'avaient trouvé rien ni personne. Heureusement qu'ils ont su voir ce qui ne se voyait pas, car l'étable était loin d'être un somptueux palais. Tout ici était sommaire, presque misérable; on avait couché le bébé dans une mangeoire à bestiaux. Ce peut-il que cela soit le palais d'un roi?

Mais ces saints hommes ne s'y sont point trompés. Par delà le dénuement du lieu et la simplicité de ce qui s'y était passé, ils ont perçu que le bébé qu'ils voyaient n'était pas un enfant comme les autres et, ayant ouvert leurs bagages, ils lui ont offert tout ce que l'on sait.


La seconde chose qu'il faut retenir de cette histoire, c'est que nous pouvons offrir au Christ ce à quoi nous tenons le plus.; ce sera toujours bien en-deçà de ce que mérite sa grandeur de Roi. Et peut-être devons-nous, à l'exemple des mages, nous montrer d'autant plus généreux que son règne parmi les hommes apparaît faible et d'une pauvreté qui quelquefois appelle la dérision. Et si nous souhaitons savoir où et devant qui déballer ce que nous appelons nos trésors, pour les partager, laissons encore le Christ nous donner la réponse: "toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites".


Martin Luther

Sermon pour la fête de l'Epiphanie, 1544

traduction et adaptation: Jean-François Maillard

lundi 2 janvier 2017

Meilleurs Voeux!

Chers amis,

Le Ministère La Porte Rouge 
vous adresse ses meilleurs voeux pour une année 2017 
bénie par la présence du Seigneur!



Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. 2 Corinthiens 5.17