jeudi 3 mai 2018

Par Mon Esprit Par Jonathan Goforth

"Frères, l'Esprit de Dieu est toujours avec nous. La Pentecôte est à notre portée. Si le Réveil nous est refusé, c'est qu'une idole est encore adorée en cachette; c'est que nous mettons notre confiance dans les plans humains. Nous nous refusons à croire cette vérité immuable : "Ce n'est ni par la puissance, ni par la force, mais c'est par MON ESPRIT, dit l'ETERNEL DES ARMEES" (Zacharie 4/6)." - Jonathan Goforth

Introduction
Nous parlons dans ce livre de résultats anormaux. Si l'Esprit tout puissant exerce sa souveraineté dans les cœurs et les consciences, le résultat doit être hors de la normale.
Le docteur AT. Schofield écrit, dans sa préface au livre de Miss Dyer, "Le Réveil aux Indes" : "Nous devons comprendre une chose, c'est que, depuis la Pentecôte, le travail soudain et direct de l'Esprit de Dieu sur les âmes a toujours été accompagné de manifestations plus ou moins anormales. Après tout, n'est-ce pas naturel? Nous pouvons nous attendre à ce qu'un flot surabondant de puissance et de lumière divines agissant profondément sur les émotions et transformant les vies, ait de remarquables résultats.
"De même qu'un tremblement de terre, une inondation, un ouragan, sont des manifestations extraordinaires, un Réveil véritable est un événement qui sort de l'ordinaire" .
Peut-être aucun mouvement du Saint-Esprit depuis la Pentecôte n' a-t-il été aussi riche en résultats que le Réveil morave du 18ème siècle. Nous lisons ceci: "A midi environ, le dimanche 10 août 1727, pendant que le pasteur Rothe faisait une réunion à Herrnhut, il se sentit submergé par la puissance merveilleuse et irrésistible du Seigneur et s'effondra dans la poussière devant Dieu. Toute l'assemblée fit comme lui, dans des sentiments d'une intensité inexprimable. Ils continuèrent ainsi jusqu'à minuit, priant, chantant dans les pleurs et les supplications" () [John Greenfield : Power from on High, p. 24 (traduit des souvenirs de l'Eglise morave renouvelée].
Les récits qui nous ont été conservés de "l'agape" à Fetterlane, à Londres, le jour de l'an 1739, nous donnent un aperçu des débuts d'un autre grand mouvement qui commença à la même époque. Soixante Moraves assistaient à cette réunion, et sept Méthodistes d'Oxford : John Wesley et son frère Charles, Georges Whitefield, Wesley Hall, Benjamin Ingham, Charles Kinchin et Richard Hutchins, tous pasteurs consacrés de l'Eglise anglicane. Wesley écrit, à propos de cette réunion :
"A trois heures du matin, alors que nous priions avec insistance, la puissance de Dieu vint avec force sur nous, à tel point que beaucoup pleuraient de joie et plusieurs tombaient par terre.
Aussitôt que nous fûmes un peu revenus de la crainte et de l'étonnement causés par la présence de Sa Majesté Sainte, nous chantâmes d'une seule voix: "Nous te louons ô Dieu; nous te reconnaissons comme le Seigneur". (1) [John Greenfield : Power from on High, p. 35 (traduit du Journal de Wesley). Fragment de la liturgie anglicane.]
J'étudiais à Knox College, quand M. Moody fit une série de réunions de trois jours à Toronto pendant l'hiver de 1883. Je n'ai jamais vu une réunion plus émouvante que celle d'un certain après-midi. Aucun œil n'était sec, et ceux qui commençaient à prier étaient vite arrêtés par leur émotion.
Cependant, tout en parlant des manifestations de la Pentecôte comme anormales, nous maintenons que la Pentecôte fut le Christianisme normal. Quand le Saint-Esprit, prenant la place de Jésus-Christ, se charge du contrôle, les résultats sont toujours conformes au plan divin.
"Chacun était fortifié par l'Esprit dans l'homme intérieur. Christ habitait dans leurs cœurs par la foi, ils étaient enracinés et fondés dans l'amour. Ils étaient remplis de toute la plénitude de Dieu, et Dieu faisait en eux et par eux au-delà de tout ce qu'ils avaient demandé ou pensé."
Se contenter de moins, c'eût été ravir au Seigneur les mérites du Calvaire. Le but du Saint-Esprit était de glorifier le Seigneur Jésus tous les jours, depuis son couronnement jusqu'à son retour. Il est inconcevable qu'il se lasse de bien faire. Ma conviction est que la puissance divine, si manifeste dans l'Eglise de Pentecôte, doit être en évidence de la même façon dans l'Eglise actuelle. Le Christianisme normal, dans les intentions du Seigneur, ne devait pas commencer par l'Esprit pour finir par la Chair. La construction du temple spirituel ne se poursuit ni par la puissance, ni par la force, mais toujours par Son Esprit. (2) [Zacharie 4/6].
Ce fut après avoir été rempli de l'Esprit, que le Seigneur lui-même se rencontra avec Satan et le terrassa. Aucun enfant de Dieu n'a jamais remporté la victoire sur l'adversaire, sans avoir reçu la puissance de la même source.
Le Seigneur n'a pas permis à ses disciples de témoigner en son Nom, sans avoir d'abord été revêtus de la puissance d'En-Haut. Il est vrai qu'avant ce jour-là, ils étaient nés de nouveau, étaient devenus des enfants du Père céleste, et avaient reçu le témoignage de l'Esprit. Mais ils n'étaient pas des collaborateurs capables, et ne pouvaient l'être, avant d'être remplis du Saint-Esprit. Cette puissance divine est pour nous comme pour eux. Nous aussi, nous pouvons faire les œuvres que notre Seigneur a faites, et même en faire de plus grandes. A mon sens, l'Ecriture ne veut pas dire autre chose que ceci : le plan du Seigneur Jésus est que le Saint-Esprit continue à agir parmi nous, de notre temps, par des manifestations aussi puissantes que celles de la Pentecôte. Un seul doit pouvoir en chasser mille et en mettre en fuite dix mille, car Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et éternellement.
Mais est-ce que ce baptême du Saint-Esprit a des effets durables? Combien de fois l'incrédulité m'a posé cette question! Naturellement l'œuvre durera, si l'homme est fidèle. Lorsque les rachetés par le sang du Christ se laissent complètement dominer par leur Sauveur, toutes les ressources de Dieu le Père sont mises en activité pour la gloire de l'Agneau qui a été immolé.
L'efficacité du baptême du Saint-Esprit et de feu ne disparaît que quand l'âme éteint volontairement l'Esprit.
Est-ce que la Pentecôte a duré? Est-ce que Dieu a voulu qu'elle cessât? La Pentecôte était de Dieu. Le Réveil de Wesley l'était aussi. Ce n'est donc pas Dieu, mais l'homme qu'il faut blâmer de ce que les canaux par lesquels passaient les flots de bénédiction ont été obstrués. Pouvons-nous imaginer un homme décidé à collaborer avec Dieu jusqu'à l'extrême limite de ses forces et se posant la question : "Est-ce que cela durera ?"
A un certain endroit, en Mandchourie, le Saint-Esprit était descendu sur les gens avec une puissance extraordinaire. Les évangélistes chinois allèrent demander au missionnaire pourquoi il ne leur avait jamais dit que l'Esprit pouvait travailler avec une telle puissance.
Le missionnaire répondit humblement que lui-même ignorait que cela fût possible. Quelle tristesse, de sortir "des écoles de prophètes", et de ne pas savoir que le Saint-Esprit peut nous revêtir de puissance, afin que nous puissions délivrer un message de prophète!
Une association de pasteurs d'une certaine ville du Canada m'invita à leur parler du Réveil que le Saint-Esprit opérait en Chine. Je leur assurai que je n'avais aucune raison de me croire un favori du Tout-Puissant. Ce que Dieu avait fait en Chine, il le ferait volontiers pour eux au Canada. Par conséquent, chaque serviteur de Dieu devait avoir la foi et le courage de croire que Dieu le Saint-Esprit pouvait réveiller son peuple. Je leur montrai que John Wesley et ses collègues avaient été des hommes ordinaires, jusqu'à ce que leurs cœurs fussent touchés par le feu divin. A ce moment-là, un prédicateur méthodiste réputé m'interrompit : "Quoi, Monsieur, s'écria-t-il, voulez-vous dire que nous ne prêchons pas bien mieux aujourd'hui que John Wesley? "
- "Avez-vous les mêmes résultats que lui ?", demandai-je.
Une autre fois, on me demanda de parler à un synode presbytérien, à Toronto. Mon sujet était le Réveil de 1908 à Changtehfu. Je me souviens de ce Réveil comme le plus puissant que j'aie jamais vu. Pendant les dix jours merveilleux que les réunions durèrent, je dus renoncer sept fois à prononcer une allocution, tant l'Esprit de Dieu brisait les cœurs. Pendant que je racontais tout cela au synode, un certain professeur de théologie, assis près de moi, n'avait pas l'air heureux. Mon récit de la puissance que le Saint-Esprit possède pour convaincre de péché un auditoire chinois semblait agacer ses nerfs. On me dit plus tard qu'un autre professeur de théologie, assis dans une autre partie de la salle, n'avait pas l'air à son aise, il finit par se retourner et dire entre ses dents : "Quelle stupidité !" (l) [En anglais: "rats !"]. Il était bien près d'avoir commis le péché contre le Saint-Esprit. Est-ce que vraiment de tels prophètes peuvent former dans leurs écoles, des jeunes prédicateurs possédés par le message du Saint-Esprit? Pouvons-nous être étonnés que la spiritualité de la chrétienté soit à un niveau si bas?
Trente-deux pour cent des Eglises des Etats-Unis n'ont eu aucune augmentation de membres en 1927. Les auditoires religieux en Grande-Bretagne ont diminué de moitié depuis vingt-cinq ans.
Il n'y a pas d'autre alternative :
Un réveil du Saint-Esprit, ou l'Apostasie.
Nous sommes convaincus que la majorité des chrétiens vivent à un niveau spirituel beaucoup plus bas que celui que leur Maître veut pour eux. Quelques-uns seulement "entrent dans leurs possessions". Rien ne peut nous revêtir de la puissance victorieuse, sinon le baptême du Saint-Esprit et de feu; et personne ne peut avoir reçu ce baptême sans le savoir. Tant de membres d'Eglise ne connaissent que le baptême d'eau!
Cependant le grand Précurseur a dit : "Je vous baptise d'eau pour vous amener à la repentance, mais celui qui vient après moi est plus grand que moi... Il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu." Hélas! Bien des conducteurs spirituels ne connaissent pour eux et leurs troupeaux que "le baptême de Jean".
Malgré tout notre orgueil ecclésiastique et notre confiance en nous-mêmes, quelle partie de notre construction résistera à l'épreuve de feu?
Nous ne pouvons trop affirmer notre conviction, que tous les obstacles à la vie spirituelle dans l'Eglise viennent du péché. Vous verrez, dans les chapitres suivants, comment le Saint-Esprit amène à la lumière les interdits de toutes sortes. Ce qui est effroyable, c'est que les péchés qui se trouvent hors de l'Eglise existent aussi, bien qu'en moindre proportion, dans l'Eglise elle-même. Pour que des jugements trop sévères ne soient pas portés, nous ferons remarquer que beaucoup d'Eglises chinoises ne sont séparées du paganisme que par une génération à peine. Mais n'ayons pas l'illusion de croire que tout est pour le mieux dans nos vieilles Eglises d'Europe ou d'Amérique. C'est le péché individuel des membres de l'Eglise qui contriste et éteint l'Esprit. Nous perdrions beaucoup de notre propre justice si nous découvrions que l'orgueil, la jalousie, le mauvais caractère, la médisance, l'avarice, l'envie et les choses de cette sorte sont aussi haïssables aux yeux de Dieu que ce qu'on appelle les péchés grossiers. Tout péché dans le croyant, gâte l'œuvre rédemptrice du Christ. Les cris les plus perçants que j'ai jamais entendus, ont été poussés par des chrétiens chinois, qui se sont aperçus qu'ils avaient crucifié à nouveau le Seigneur de gloire. "Non, la main de l'Eternel n'est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu, ce sont vos péchés qui vous cachent sa face et l'empêchent de vous écouter." (Esaïe 5911-2).
L'impureté, les crimes des Eglises ne peuvent être balayés que par l'Esprit et par le feu.
A cause de l'importance donnée dans ce livre à la confession du péché, il sera bon que je donne mes vues personnelles à ce sujet.
Il y a quelques années, j'allais commencer une série de réunions dans un centre religieux important en Chine. Une dame missionnaire vint me voir pour m'exposer ce qu'elle appelait "un plan sûr pour émouvoir les âmes". Elle voulait que je commence par une confession de mes péchés; elle suivrait, puis je persuaderais les autres missionnaires d'en faire autant. Les pasteurs chinois, naturellement, continueraient et ainsi, affirmait-elle, tous s'effondreraient.
Je lui répondis que le Seigneur ne m'avait pas fait voir les choses de cette façon. "Si j'ai des interdits, lui
dis-je, ils sont un obstacle à Honan (d'où je viens), où je suis connu; il en est de même dans votre cas. Donc, mieux vaut retourner au plus tôt dans nos champs respectifs et renoncer à nos interdits. Confesser nos péchés devant cet auditoire qui ne nous connaît pas, serait perdre un temps précieux. De plus, qui suis-je pour encourager ces missionnaires à confesser leurs péchés, alors que peut-être ils vivent plus près de Dieu que moi? L'Esprit ne désire pas que je sois un détective. Si les missionnaires ont des interdits, le Saint-Esprit les obligera bien à les balayer, c'est son affaire et non la nôtre." Je n'ai jamais rien vu de plus émouvant que le spectacle de ces missionnaires; à la dernière réunion, ils s'humilièrent devant l'auditoire, et confessèrent les péchés qui entravaient leur vie chrétienne. Nous avons le sentiment absolu que les péchés commis avant la conversion sont sous le sang du Fils de Dieu et n'ont pas à être confessés publiquement. Le faire, ce serait amener le déshonneur sur le sacrifice du Calvaire. Nous avons entendu des membres d'Eglise confesser des péchés commis avant qu'ils se fussent joints à l'Eglise, mais ils n'étaient pas réellement nés de nouveau en devenant membres. L'humiliation, inspirée par le Saint-Esprit, qui accompagnait leurs confessions, remplissait d'une crainte respectueuse l'auditoire, fortement ému. De plus, d'après nos observations, nous concluons qu'il doit y avoir d'abord parmi les vrais enfants de Dieu une profonde conviction de péché avant de s'attendre à ce que les autres soient touchés. D'après notre propre expérience, nous pouvons déclarer que chaque fois que cette condition préliminaire a été remplie, les inconvertis de l'auditoire se sont complètement effondrés devant Dieu. Il n'y aurait pas eu de Pentecôte, si, tout d'abord, les cent-vingt dans la Chambre Haute n'étaient pas arrivés à ce stade. Les chrétiens chinois parlent de ce travail de l'Esprit comme d'un jugement, mais c'est un "hsiao shen pan" (petit jugement), car le chemin est encore ouvert à celui qui confesse ses péchés pour obtenir la purification par le sang précieux du Christ.
Nous croyons aussi qu'en ce qui concerne le péché secret, c'est-à-dire le péché connu par l'âme seule et par Dieu, il suffit généralement pour obtenir le pardon, de le confesser dans la prière secrète. Nous disons en général, parce que nous avons vu beaucoup de cas de pasteurs et conducteurs de l'Eglise pour lesquels la confession secrète n'avait pas suffi. Leur confession angoissée et publique montrait clairement que pour eux, du moins, il n'y avait que ce moyen d'être soulagé.
Quant au péché commis contre une personne particulière, l'Ecriture est parfaitement explicite. "Si tu présentes ton offrande à J'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande" (Matthieu 5/24-25).
Il est inutile de prier si nous savons que nous avons fait du tort à quelqu'un. Réparons d'abord, avant d'oser nous approcher de Dieu en public ou en secret. Je crois que le Réveil éclaterait dans presque toutes les Eglises, si cette règle était suivie. Enfin, pour les péché publics, l'expérience nous a montré qu'on ne pouvait en être débarrassés que par la confession publique. Ceci, il est vrai, signifie la crucifixion de la chair; mais par notre désobéissance volontaire, nous avons exposé à la honte ouvertement notre Seigneur de gloire, et cette confession est le prix que nous devons payer.
Il y a quelques années, nous adressant à une assemblée nombreuse de pasteurs et d'anciens au Canada, nous insistâmes sur le fait que Dieu voulait que nous mettions l'accent sur le péché.
Quelques heures après, à une réunion de pasteurs, le sujet revint sur le tapis, et on me dit que la majorité des assistants, après une bonne discussion, affirmèrent, au contraire, qu'on avait trop insisté sur la question du péché. Mais la pensée de l'homme n'est pas celle de Dieu. Le Calvaire est l'accent mis par Dieu sur le péché. Sûrement, nous ne pouvons lui donner trop d'importance, puisque le Fils sans péché a dû être fait péché pour nous. N'est-ce pas John Wesley qui murmura, au moment d'entrer dans la présence de son divin Roi : "Je suis le premier des pécheurs, mais Jésus mourut pour moi !"
Nous parlerons dans le cours de cet ouvrage, des possessions démoniaques. Nous savons que ce n'est pas un sujet à la mode. Quand le livre du docteur Nevius, intitulé "Demon Possession", parut, l'éditeur d'un journal bien connu écrivit : "Voilà un nouvel exemple de la manière dont quelques hommes laissent facilement aller leur raison à la dérive". Cependant, ce que nous avons vu de nos yeux nous amène à la conclusion que ce n'est pas le docteur Nevius, mais l'éditeur, qui a trop facilement laissé sa raison aller à la dérive.
Citons l'opinion du docteur Schofield, médecin spécialiste renommé de Londres: "Je pense, écrit-il, que ceux qui connaissent l'Orient ne peuvent mettre en doute que Satan y règne sans conteste... L'aliénation mentale est un mot général qui couvre toute espèce de folie, mais il couvre davantage encore. Mon expérience même en Angleterre, et celle de tous les hommes expérimentés ayant affaire aux maladies mentales, prouve sans aucun doute qu'ici et là nous rencontrons des cas de gens "possédés" de quelque esprit malin. Je suis un de ceux qui croient à l'existence de cas semblables. Je crois de plus que ces démons peuvent être chassés et l'ont été, leurs victimes étant revenues à leur état normal" (1) [Helen S. Dyer : Réveil aux Indes, p. 14].
Plusieurs personnes ont qualifié le travail que Dieu m'a confié comme étant de simple émotivité. Nous ne nous défendrons qu'en citant quelques extraits de lettres reçues par des amis, au Canada, écrites par des missionnaires en Mandchourie au cours du Réveil de 1908.
"Jusqu'à présent j'avais en horreur les manifestations religieuses, hystériques et émotives. Les premières crises de larmes que je vis se produire chez des hommes me déplurent extrêmement. Je ne savais pas ce qu'elles cachaient. Enfin, il devint évident pour moi que l'Esprit de Dieu seul travaillait dans les cœurs".
"Souvenez-vous que le Chinois est l'homme qui craint le plus l'opinion publique, qu'il y avait là des hommes et même des femmes qui bravaient tous les préjugés, violant la tradition séculaire de ne jamais s'humilier, ni s'abaisser en public. Vous pouvez vous imaginer l'étonnement, l'émerveillement qui remplissaient le cœur des missionnaires."
"Une puissance est survenue dans l'Eglise que nous ne pouvions maîtriser, même si nous le voulions. C'est un miracle que l'impassible Chinois, si plein de propre justice, arrive à confesser de lui-même des péchés qu'aucune torture du "Yamen" (justice chinoise) n'aurait pu lui arracher; qu'un Chinois s'abaisse au point de réclamer en pleurant les prières de ses frères en la foi, cela est impossible à expliquer au point de vue humain."
"Nous sommes confondus par la merveille de ce Réveil... Nous avons entendu parler de ceux du pays de Galles, aux Indes et même chez nos proches voisins, en Corée, mais quand la bénédiction tombe si richement, si pleinement comme elle le fait au milieu de nous quelques jours, quelle différence !"
"Vous vous dites peut-être que c'est de l'hystérie religieuse. Nous l'avons cru aussi, quand nous avons entendu parler de Réveil. Mais nous sommes ici soixante presbytériens écossais et irlandais qui en avons été les témoins. Beaucoup d'entre nous en ont eu peur au début, mais après avoir vu ce qui s'est passé ici chaque jour de la semaine dernière, il n'y a certainement qu'une explication : c'est que l'Esprit de Dieu se manifeste d'une manière inimaginable. Nous n'avons pas le droit de critiquer. Nous ne l'osons pas. Un des articles du Credo qui revient à nos mémoires dans toute sa solennité est celui-ci: "Je crois au Saint-Esprit" .

CHAPITRE II
Préparation intensive
En automne 1901, après m'être remis des effets terribles de la révolte des Boxers, je commençai, en rentrant en Chine, à être de plus en plus mécontent des résultats de mon travail. Dans mes premières années de ministère, je m'étais consolé de mes insuccès, en pensant que les semailles devaient précéder la moisson, et que celle-ci viendrait en son temps. Mais la moisson, au bout de treize ans de travail, me semblait plus loin que jamais. Je sentais qu'une bénédiction bien plus grande m'attendait, si seulement j'étais capable d'en avoir la vision, et d'avoir la foi pour la saisir. A mon esprit revenaient constamment ces paroles : "En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais et il en fera même de plus grandes..."
Je sentais profondément qu'il était impossible de croire que ce que je faisais année après année équivalait aux "œuvres plus grandes". Mécontent, inquiet, j'étudiais plus attentivement les Ecritures. Tout passage portant sur la question de la puissance était pour moi vie et respiration. J'avais dans ma bibliothèque de nombreux livres sur le Réveil. Je les lus et les relus. Cela devenait une telle obsession, que ma femme avait peur que ma raison ne succombât. Les récits du Réveil gallois de 1904 et 1905 me furent d'un grand secours. Le Réveil n'était donc pas une chose du passé. Je me rendis compte, graduellement, que j'avais découvert un filon d'une richesse infinie.
Un ami travaillant aux Indes, m'envoya, au cours de l'automne de 1905, des extraits de l'autobiographie de Finney et, de ses discours de Réveil. Ce fut l'étincelle qui m'embrasa. "Est-ce qu'un fermier, disait la préface, penserait à prier pour obtenir une moisson sans avoir d'abord semé ? Pourquoi les chrétiens s'attendraient-ils à une grande moisson d'âmes, même s'ils la demandent à Dieu, avant d'avoir rempli d'abord les lois de la récolte spirituelle ?"
Si Finney a raison, me dis-je, je vais découvrir quelles sont ces lois et je les observerai coûte que coûte.
Au début de 1906, alors que j'étais en route pour participer à la campagne intensive d'évangélisation qui se fait annuellement à la grande foire idolâtre de Hsun-Hsien, un collègue me prêta l'autobiographie complète de Finney. Il m'est impossible de dire ce que ce livre fut pour moi. Nous, les missionnaires, en lûmes une portion chaque jour tant que dura la foire. C'est à cette foire que je commençai à voir les premiers signes dans les cœurs de mes auditeurs de l'action de la puissance suprême. Un jour, tandis que j'avais pris pour texte, 1 Timothée 2/1 à 7, plusieurs personnes furent profondément émues. Un évangéliste murmura avec une crainte respectueuse: "Mais ces gens paraissent émus comme les auditeurs de Pierre à la Pentecôte." Le même soir, je parlai devant une salle comble. Mon texte était 1 Pierre 2/24 : "Il a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois...". La conviction du péché se lisait sur tous les visages. Quant, à la fin, je demandai des décisions, l'auditoire entier se leva comme un seul homme en criant : "Nous voulons suivre ce Jésus qui est mort pour nous !" Je pensais qu'un des évangélistes allait parler après moi, mais en me retournant, je les vis tous les dix, debout, sans mouvement, regardant, étonnés. Tandis que l'un d'eux restait dans la salle pour parler à la foule, j'allai avec les autres dans une chambre contiguë pour prier. Pendant quelques minutes ce fut un silence absolu. Tous semblaient trop frappés de crainte pour parler. Enfin, la voix tremblant d'un évangéliste s'éleva : "Mes frères, Celui pour qui nous avons prié si longtemps était présent en personne parmi nous ce soir. Mais sachons bien que pour qu'Il demeure avec nous, il faudra que notre manière de vivre soit très châtiée."
En 1906, en automne, désappointé par l'état languissant de mes annexes, je projetais une tournée pour essayer de les réveiller. Mais il y avait cependant entre le Seigneur et moi une question qui devait être réglée avant tout. Inutile d'entrer dans les détails; tout ce que je puis dire, c'est qu'il s'agissait d'un différend entre un collègue et moi. Je sentais honnêtement que j'étais dans mon droit. ( Ceci est très humain. Dans toute querelle il est toujours sage de faire la part de chacun). En tout cas, l'impulsion de l'Esprit était claire. Il fallait que cette affaire fût réglée. Je répondais toujours à Dieu que la faute était du côté de mon collègue et non pas du mien; c'est lui qui devait venir à moi, et non moi qui devais aller à lui. L'Esprit parlait toujours. "Mais enfin, Seigneur, discutai-je, il est venu dans mon bureau et s'est accusé avec larmes. La chose n'est-elle pas arrangée ?"
"Hypocrite! semblait-il me dire, tu sais très bien que vous ne vous aimez pas comme je vous ai commandé de le faire." Je persistais : "La faute est du côté de mon collègue, je ne puis rien faire". Alors vint la parole finale : "Si tu ne règles pas cette question avant de partir pour ta tournée, tu échoueras, je ne pourrai aller avec toi." Cela m'humilia un peu. Je n'avais pas du tout envie de faire cette tournée si longue et si fatigante sans Son aide; je savais bien que seul je serais "comme battant l'air".
La veille de mon départ, je devais présider une réunion de prière pour les chrétiens chinois. Tout le long du chemin, la voix continuait à me presser: "Va, et arrange cette affaire, pour que je puisse t'accompagner demain". Je ne voulais pas céder. Je commençai la réunion. Cela alla bien pendant le premier cantique et la lecture de la Bible. Mais aussitôt que j'ouvris la bouche pour prier, je ne savais plus ce que je disais, car l'Esprit me répétait sans cesse : "Hypocrite ! pourquoi ne règles-tu pas cette affaire ?" Je fus encore plus troublé pendant ma courte allocution. Finalement à peu près à la moitié de mon discours, le fardeau devint si intolérable que je cédai et dis en mon cœur : "Seigneur, dès la fin de la réunion j'irai régler cette affaire". Instantanément, quelque chose sembla céder devant l'auditoire. Mes auditeurs ignoraient ce qui se passait dans mon cœur, et cependant l'atmosphère fut absolument transformée.
Quand la réunion fut ouverte à tous, ceux qui voulaient prier se levèrent l'un après l'autre, mais ne purent qu'éclater en pleurs. Depuis vingt ans que les missionnaires travaillaient dans le Honan, ils avaient espéré en vain voir les Chinois verser des larmes de repentir.
La réunion ne se termina que très tard. Aussitôt qu'il fut possible, je me hâtai d'aller chez mon collègue pour régler ce qui nous divisait. Les lumières étaient éteintes, toute la famille était couchée. Je revins chez moi pour ne pas les déranger. Mais la chose était en règle. Le lendemain, dès l'aube, je me mis en route pour l'une de mes annexes. Les résultats de cette tournée dépassèrent toutes mes espérances. L'Esprit de Dieu partout se manifesta, jugeant le péché. Les torts furent réparés, les choses tordues furent redressées. Je ne pus consacrer qu'une soirée à un certain endroit, mais tous les auditeurs furent touchés aux larmes. Dans l'année qui suivit, le nombre des membres de l'Eglise, dans l'une de mes annexes, fut doublé; dans une autre 54 personnes furent ajoutées à l'Eglise, et dans une autre, 88.
Quelques mois après cette première tournée, le monde religieux fut électrisé par le récit du Réveil en Corée.
Le secrétaire de notre Société, alors en visite en Chine, le docteur R.P. Mac Kay, me demanda de l'accompagner en Corée. Inutile de dire avec quelle joie j'acceptai cette proposition. Le mouvement religieux en Corée, en me montrant les possibilités illimitées du Réveil était d'une importance capitale pour moi.
Il est bon de connaître le Réveil par les récits de la presse, mais quelle différence cela fait de le voir de ses yeux, d'en respirer l'atmosphère, de sentir vibrer son cœur dans ces réunions! Je compris en Corée, avec d'autres, que le Réveil était le plan de Dieu pour mettre le monde en feu. J'étais depuis bien peu en Corée, quand je vis la source d'où était né ce grand mouvement. M. Swollen, de Pingyang, me raconta que les missionnaires de sa station, méthodistes et presbytériens, après avoir lu des récits de Réveil aux Indes, avaient pris la décision de prier chaque jour à midi pour obtenir une grâce semblable.
"Au bout d'un mois, dit M. Swollen, un frère proposa de cesser ces réunions; car disait-il, voilà un mois que nous prions et rien ne change. Nous y passons beaucoup de temps, et sans résultat. Continuons notre travail, et prions chacun chez nous, à l'heure la plus commode".
Cette proposition semblait logique. Cependant la majorité décida qu'au lieu d'arrêter les prières, nous devions au contraire les prolonger. Nous fixâmes alors l'heure de notre rencontre à 4 heures au lieu de midi, pour pouvoir prier, s'il le fallait, jusqu'au souper. Nous persévérâmes jusqu'à ce que, après des mois d'attente, l'exaucement vint".
Ces missionnaires de Pingyang étaient, autant que je m'en souviens, des gens moyens, comme vous et moi. Aucun d'eux n'était doué remarquablement. Ils vivaient, travaillaient, agissaient comme les autres missionnaires. Mais dans la prière ils étaient différents. Un soir, le docteur Mac Kay et moi, fûmes invités à la réunion missionnaire de prière. Je n'avais jamais été si conscient de la présence divine que ce soir-là.
Ces missionnaires nous portaient jusqu'au trône même de Dieu. On avait le sentiment qu'ils parlaient à Dieu face à face. En revenant chez nous, le docteur Mac Kay resta silencieux un long moment. Je pouvais voir qu'il était très remué. Enfin, avec une profonde émotion, il me dit : "Quelle prière stupéfiante! Vous autres, dans le Honan, vous êtes loin d'atteindre un niveau pareil".
Ce qui me frappa aussi, ce fut la nature pratique du mouvement. Ce n'était pas une rafale d'enthousiasme religieux disparaissant avec le vent qui l'a apportée, bien qu'il y eût naturellement, les manifestations extérieures qui accompagnent inévitablement des effusions aussi phénoménales de puissance spirituelle.
Un fait patent, c'est qu'il y avait là des dizaines de milliers d'hommes et de femmes dont la vie avait été radicalement transformée par le feu divin. Je vis de grandes églises contenant 1500 personnes, si combles qu'il fallut organiser deux réunions; une pour les femmes et une pour les hommes. Tous étaient presque tragiquement désireux de répandre "la bonne nouvelle". Même des petits garçons abordaient dans la rue des grandes personnes pour les supplier d'accepter Jésus pour Sauveur. Je remarquai encore une chose: c'était leur extraordinaire générosité. La pauvreté des Coréens est proverbiale. Cependant un missionnaire me dit qu'il avait peur de mentionner devant ses fidèles un besoin quelconque, car ils donnaient tant! Partout existait un véritable culte pour la Parole de Dieu. Chacun portait sa Bible avec lui, et le merveilleux esprit de prière pénétrait tout.
Pour retourner à Honan, le docteur Mac Kay et moi passâmes par la Mandchourie. Puisque Dieu ne fait pas acception de personnes, j'étais sûr qu'il était prêt à bénir la Chine comme Il avait béni la Corée. A Moukden, je racontai, un dimanche matin, à un vaste auditoire, l'histoire du Réveil coréen. Tous semblaient profondément émus, et l'on me demanda de revenir en février de l'année suivante pour tenir une série de réunions pendant une semaine. A Liaoyang, mon récit fut accueilli de la même façon, et l'on me fit la même requête. Continuant vers le Sud, nous arrivâmes à Peitaiho ; cette fois je racontai mes expériences à un groupe important de missionnaires. Une impression profonde fut produite. Plusieurs missionnaires résolurent de se réunir à des heures fixes pour prier jusqu'à ce que Dieu envoyât à la Chine un Réveil comme celui de la Corée.
En arrivant à Changthfu, une lettre des missionnaires de Kikungshan m'attendait. Ils me demandaient avec instance d'aller leur parler de ce que j'avais vu. Je le fis le dimanche soir suivant. Je remarquai que j'avais considérablement dépassé le temps si généreusement mis à ma disposition. Craignant de finir trop tard, je supprimai le dernier cantique et prononçai la bénédiction finale. A ma grande surprise, pendant au moins six minutes, personne ne bougea. Un silence de mort régnait dans la salle. Graduellement, des sanglots étouffés se firent entendre. Des missionnaires se levèrent, et en versant d'abondantes larmes, confessèrent leurs fautes les uns aux autres. Nous ne nous séparâmes qu'à une heure très tardive.
Nous avions préparé pour la semaine suivante une conférence avec un programme très intéressant. Mais quand les missionnaires se rencontrèrent le lundi matin, ils décidèrent de mettre ce programme de côté et de continuer à prier et à suivre les impulsions du Saint-Esprit.
Je n'ai jamais passé avec nos frères missionnaires en Chine, des jours plus merveilleux. Avant de nous séparer pour rejoindre nos champs d'activité situés dans toutes les parties de la Chine, nous décidâmes que chaque jour, à quatre heures de l'après-midi, nous serions tous en prière, jusqu'à ce que la bénédiction divine tombât sur l'Eglise chinoise.


CHAPITRE III
Le début du mouvement en Mandchourie
Quand je partis en février 1908 pour mon long voyage en Mandchourie, j'y allai avec la conviction que j'avais de la part de Dieu un message à transmettre à son peuple. Mais je n'avais pas de méthode. Je ne savais pas comment diriger un Réveil. Je ne pouvais faire une allocution et laisser prier les gens, et c'était tout.
Le soir de mon arrivée à Moukden, je causais, dans mon bureau avec mon hôte missionnaire. Naturellement, j'étais tendu au plus haut point à la pensée de ce qui m'attendait; mon hôte, au contraire, semblait spécialement indifférent à la pensée d'un Réveil. Il choisit ce soir-là, entre tous, pour m'impressionner par la supériorité de ses vues théologiques. "Vous savez, Goforth, me dit-il, il y a un terrible phraseur dans votre Mission. Comment s'appelle-t-il ? Mac... ? "
- " Est-ce Mac Kengie? demandai-je; mais ce n'est pas possible, car il est loin d'être un phraseur. Il est considéré comme un des meilleurs théologiens de la Chine. "
- "Non, me dit-il, ce n'est pas Mac Kengie; oh, oui, je m'en souviens, c'est Mac Kay."
- "Mais Mac Kay est notre secrétaire, répliquai-je, et une de ses allocutions serait appréciée par n'importe quel auditoire. "
- "Eh bien, dit-il, je l'ai entendu à la conférence de Shangaï. Sa théologie, mon cher, est aussi vieille que le déluge!
- "Arrêtons-nous, dis-je, car ma théologie est aussi vieille que la sienne. De fait, elle est aussi ancienne que le Tout-Puissant Lui-même! "
J'appris aussi que la femme de mon hôte n'était pas en sympathie avec mes réunions, et était partie en visite chez une de ses amies avant mon arrivée. Je ne pus pas m'empêcher de penser que, si ce foyer était un échantillon de ceux des autres missionnaires, les perspectives d'un Réveil étaient bien lointaines.
D'autres désappointements m'attendaient. Je n'avais accepté l'invitation qui m'avait été faite l'année précédente, qu'à la condition que les deux branches de l'Eglise Presbytérienne l'Irlandaise et l'Ecossaise s'uniraient pour mes réunions, et que celles-ci se seraient préparées par la prière.
Imaginez ma déception, quand j'appris qu'aucune réunion supplémentaire de prières n'avait eu lieu. La goutte qui fit déborder le vase et qui fit chanceler ma foi déjà défaillante, fut d'apprendre que les deux branches de l'Eglise presbytérienne ne s'étaient pas unies. Je montai dans ma chambre; m'agenouillant près de mon lit et incapable de retenir mes larmes, je criai à Dieu : "A quoi bon ma venue? Ces gens ne te cherchent pas. Ils ne désirent aucune bénédiction. Que puis-je faire?" Une voix me sembla me répondre immédiatement : "Est-ce ton œuvre ou la mienne? Ne puis-je pas agir en souverain? Invoque-moi, et je te répondrai; je t'annoncerai de grandes choses, des choses cachées que tu ne connais pas" (Jérémie 33/3).
De bonne heure le lendemain, un des anciens vint me voir. Aussitôt qu'il fut seul avec moi, il éclata en pleurs : "L'année des Boxers, me dit-il, j'étais trésorier de l'Eglise. Les Boxers vinrent et détruisirent tout, même les livres de comptes. Je savais donc que je pouvais mentir sans danger. Je jurai que je n'avais jamais reçu certains fonds qui m'avaient été confiés. Depuis, je me suis servi de ces fonds pour mes affaires. Hier, pendant vos allocutions, j'étais comme fouillé par une flamme. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. La seule chose qu'il me reste à faire pour me soulager, c'est de confesser mon péché devant l'Eglise et de faire pleine et entière restitution".
Après mon exhortation ce matin-là, l'ancien se leva devant tous et mit à nu son péché. L'effet fut instantané. Un autre membre poussa un cri perçant, mais quelque chose sembla le retenir, et il se tut sans rien confesser. Plusieurs alors prièrent successivement et se confessèrent en pleurant.
Pendant toute la troisième journée, le mouvement augmenta d'intensité. Mon hôte, le missionnaire, me dit : "Ceci me stupéfie. Cela ressemble au Réveil écossais de 1859. Ne pourriez-vous pas renoncer à vos autres allocutions et commencer des services d'actions de grâce? Si je comprends bien la situation, répondis-je, nous sommes encore loin des actions de grâce. Il y a encore beaucoup de péchés qui doivent venir à la lumière. Laissez-moi continuer mes exhortations, et ensuite vous tiendrez tous les services d'actions de grâce que vous voudrez."
Le quatrième matin, un auditoire exceptionnellement nombreux envahit la salle. Les gens paraissaient être dans une attente anxieuse. Pendant le chant qui précéda mon allocution, une voix intérieure me dit : "Le succès de ces réunions est phénoménal. Cela va te faire une réputation extraordinaire, non seulement en Chine, mais dans le monde entier." La chair en moi répondit, et un sentiment de satisfaction m'envahit. Immédiatement, je sentis que c'était l'adversaire qui était à l'œuvre de la façon la plus subtile, en me suggérant de partager la gloire avec le Seigneur Jésus. Combattant la tentation, je dis : "Satan, sache une fois pour toutes que je suis prêt à devenir l'atome le plus insignifiant, pourvu que mon Maître soit glorifié comme Il se doit." Le cantique étant achevé, je me levai pour parler.
Pendant toute ma prédication, je sentis avec intensité la présence de Dieu. En concluant je dis à l'auditoire : "Maintenant, vous pouvez prier. " Immédiatement, un homme s'avança jusque devant l'estrade, la tête basse, le visage inondé de larmes. C'était l'ancien qui, deux jours auparavant, avait poussé un cri perçant. Comme poussé par une puissance incoercible, il s'écria : "J'ai commis adultère. J'ai essayé trois fois d'empoisonner ma femme !" Il arracha alors les bracelets d'or de ses poignets et la bague d'or qu'il avait à son doigt, et les plaça dans le plateau de la collecte en disant : "Qu'ai-je besoin de ces futilités?" Il prit sa carte d'ancien et la mit en morceaux qu'il jeta sur le plancher. "Vous avez tous de mes cartes chez vous, dit-il à l'auditoire Ayez la bonté de les déchirer. J'ai profané ma charge sacrée, je donne ma démission d'ancien."
Après cette confession émouvante, personne ne bougea pendant plusieurs minutes. Puis, l'un après l'autre, tous les anciens se levèrent et offrirent leur démission. Le résumé de leurs confessions était ceci : "Bien que nous n'ayons pas péché comme notre frère, cependant nous sommes indignes, nous aussi, de conserver notre charge." Les diacres, un par un, se levèrent, et donnèrent aussi leur démission. "Nous aussi sommes indignes" confessèrent-ils.
Depuis plusieurs jours, j'avais remarqué que le plancher, devant le pasteur indigène, était souvent mouillé de larmes. Il se leva, et la voix brisée nous dit : "Si l'Eglise est dans ce triste état, c'est que je n'ai pas été ce qu'il aurait fallu. Je ne suis pas digne d'être votre pasteur. Voilà ma démission."
Une scène des plus touchantes suivit. De différents côtés des voix criaient : "Non, non, cher pasteur, cela va bien. Nous vous réélisons." Tout l'auditoire confirma ces paroles à grands cris, jusqu'à ce qu'enfin le pauvre pénitent fut persuadé que son troupeau lui rendait sa pleine confiance. L'auditoire réclama que les anciens se levassent à leur tour, et un vote unanime leur rendit la confiance de l'Eglise. Ce fut ensuite le tour des diacres. L'harmonie était rétablie. Le même soir, l'ancien dont la confession avait été suivie de fruits si merveilleux, fut vivement pris à partie par un de ses amis. "Qui vous a obligé à vous avilir publiquement, ainsi que votre famille?" lui demanda-t-il. Mais il répondit: "Pouvais-je m'en empêcher ?"
Ce fut une grande joie pour moi de voir le changement que l'attitude de mon hôte subit pendant ces réunions. Un matin, tandis qu'on priait pour différentes personnes, il se précipita en avant en disant : "Priez pour nous, les missionnaires, nous en avons plus besoin que n'importe qui." Sa femme, si indifférente, revint de chez son amie plusieurs jours avant la fin de la campagne. Ce n'était pas trop tard, son cœur fut touché, et elle devint plus consacrée même que son mari.
Le dernier jour, le pasteur indigène dit à ses gens : "Vous savez combien de nos anciens et de nos membres ont rétrogradé. Oh ! s'il y avait moyen de les ramener !" A ces mots l'auditoire se leva comme un seul homme et tous s'unirent pour prier en faveur des brebis égarées. On pria comme si ces âmes étaient celles auxquelles on tenait le plus au monde, comme une mère prierait pour son fils prodigue. Au cours de cette même année, des centaines de rétrogrades revinrent au bercail. La plupart confessèrent qu'ils ne pensaient pas avoir jamais été convertis auparavant.
Un des anciens de l'Eglise de Liaoyang, peu avant mon arrivée, avait déménagé un dimanche. Le missionnaire était allé le voir, et l'avait repris pour avoir donné aux fidèles un si mauvais exemple. L'ancien s'était mis en colère, affirmant qu'il n'avait eu que le dimanche pour faire son déménagement. Le matin du second jour de ma série de réunions, il s'effondra devant tous et confessa son péché. Il aurait eu bien le temps de déménager pendant la semaine, mais il avait voulu mettre à profit le dimanche. Peu après mon départ, cet ancien tint des réunions pour les élèves du lycée et obtint d'extraordinaires résultats. Après la confession de cet ancien, le deuxième jour, la pression du Saint-Esprit augmenta rapidement. Un matin, le cinquième jour, un vieux rétrograde s'écria angoissé : "Je l'ai tué !" Il confessa son péché. Il était brouillé à mort avec un de ses voisins. Celui-ci étant tombé malade, notre rétrograde, qui était médecin, fut appelé pour lui ordonner un remède. Il lui ordonna du poison qui le tua. L'effet de cette révélation peut plus facilement s'imaginer que se décrire. En quelques minutes, l'assemblée entière semblait être les affres du jugement. De tous côtés partaient des confessions et des demandes de pardon.
En revenant à la maison, après la dernière réunion, Monsieur Douglas, le missionnaire principal, me dit : "Je suis courbé dans la poussière. C'est le Réveil écossais de 1859, qui se reproduit sous mes yeux. Je n'y étais pas, mais mon père m'en a souvent parlé. Il m'a raconté que les gens travaillaient tout le jour aux champs, rentraient en hâte pour manger un morceau et repartaient à l'Eglise où ils restaient jusqu'à minuit. Mais ma faible foi ne me permettait pas de m'attendre, ici, à quelque chose de semblable". Il me tendit une lettre qu'il avait reçue depuis plusieurs semaines, du docteur Moffat, pasteur en Corée : "Je veux que vous sachiez, écrivait-il, que pendant toute la série à Liaoyang, mes fidèles, qui sont trois mille, prieront pour que les plus riches bénédictions vous soient accordées".
Le Réveil de Liaoyang fut le début d'un mouvement qui se propagea dans tout le pays environnant. Des groupes de chrétiens réveillés annonçaient ici et là l'Evangile rédempteur. Dans une des annexes, un chrétien avait un fils de très mauvaise réputation. Après la réunion tenue par un de ces groupes, son cœur fut brisé, il se confessa et se convertit. Cela eut un effet remarquable dans le village. Des païens se disaient entre eux : "Le Dieu des chrétiens est venu. Il est même venu chez ce mauvais garnement et a chassé de lui toute sa méchanceté. Il est maintenant comme les autres chrétiens. Si vous ne voulez pas aller dans la même voie, ne vous approchez pas d'eux".
Dans ce même village vivait un chrétien qui, bien des années auparavant, avait emprunté à un de ses voisins païens une somme considérable. Il n'avait nullement l'intention, avoua-t-il plus tard, de rembourser. Mais un des résultats du travail d'un de ces groupes de réveil fut la repentance de cet homme. Il calcula les intérêts composés de sa dette, alla chez son créancier et lui paya tout.
Dans un autre village de la même région, il y avait un homme renommé pour sa chance phénoménale au jeu. Un jour, cet homme sella son âne et partit pour aller réclamer de l'argent que quelques personnes lui devaient. Il était à peine arrivé à la lisière du village que l'âne s'arrêta. Le joueur le frappa à coups de bâton, à coups de pied; l'âne ne bougea pas. Il ne voulait pas aller vers le nord! L'homme réfléchit que, vers le sud, il avait aussi des débiteurs. Il fit tourner son âne qui se mit en route sans résistance. Tout alla bien jusqu'au croisement de deux routes dont l'une allait au Sud-Est et l'autre au Sud-Ouest. Le joueur avait l'intention de se rendre dans un village du Sud-Ouest et c'est sur la route qui y mène qu'il voulut faire avancer son âne. Mais la bête en avait décidé autrement. Le maître comprit que, pour qu'il bougeât, il fallait prendre la route du Sud-Est, car ni les cris, ni les coups ne le faisaient bouger. "Après tout, fais à ta tête, dit l'homme excédé, du reste, si je ne me trompe, il y a justement quelqu'un qui me doit de l'argent par là !" Ils continuèrent leur route. Ils arrivèrent dans un village. Ils longèrent la grande rue jusqu'à ce qu'ils arrivassent devant une petite église chrétienne. L'âne alors s'arrêta, et aucun effort de son maître ne put le faire avancer. En désespoir de cause, le joueur mit pied à terre. Quelques chrétiens qui avaient été aux réunions de Liaoyang avaient justement une assemblée à ce moment-là. Le joueur entendit des chants. Poussé par la curiosité, il entra. La puissance de Dieu était à l'œuvre. Il entendit un homme confesser ses péchés avec larmes. Un autre, la figure rayonnante parla de la paix et de la joie qui remplissaient son cœur. Bientôt, la conviction du péché entra dans ce joueur. Il se leva, confessa ses fautes et raconta comment Dieu l'avait amené dans la salle : "Comment pourrais-je ne pas croire, s'écria-t-il, que c'est la voix de Dieu ?"


Conclusion :
Les conditions indispensables du Réveil
Un missionnaire me dit un jour, comme en guise d'excuse : "J'ai toujours désiré un Réveil, mais ma station est si loin de tout, que je n'ai jamais pu y faire venir un évangéliste". Comme si l'Esprit de Dieu n'agissait que par quelques privilégiés! Nous sommes convaincus, nous l'affirmons avec pleine conviction, que le Réveil peut avoir quand et où nous voulons. Ce prince des évangélistes, Finney, croyait que tout groupe de chrétiens qui fait de cœur et sans réserve la volonté de Dieu, pouvait avoir un Réveil. Moody affirmait constamment que la Pentecôte n'était que le spécimen de ce que voulait faire l'Esprit.
J'espère que de la lecture de ces pages, le lecteur ne conclura pas que l'Orient est mieux prédisposé au Réveil que les autres parties du monde; ce serait un grave malentendu. Nous avons vu, dans nos propres pays, des auditoires remués, exactement comme ceux de la Chine. Il est vrai que cela prend généralement plus de temps. Mais qu'il y faille un jour ou une quinzaine, le principe est le même : n'importe quel groupe de chrétiens qui le désire peut recevoir la pleine bénédiction de la Pentecôte.
En lisant la Parole de Dieu, il nous semble inconcevable que le Saint-Esprit veuille retarder son oeuvre d'un jour. Nous pouvons être sûrs que, quand il ne peut pas déployer sa puissance, c'est toujours parce que l'homme n'a ni la foi, ni l'obéissance voulues. Si Dieu le Saint-Esprit ne glorifie pas Jésus dans le monde aujourd'hui, comme à la Pentecôte, c'est nous qui sommes à blâmer. Après tout, qu'est-ce que le Réveil, sinon l'Esprit de Dieu possédant absolument notre vie? Le Réveil est donc toujours possible quand l'homme se donne entièrement à Dieu. La résistance au Saint-Esprit est le seul péché qui puisse empêcher le Réveil.
Mais sommes-nous prêts à recevoir le Saint-Esprit? Apprécions-nous à leur valeur et le don et le donateur? Voulez-vous payer le prix d'un Réveil par le Saint-Esprit? Prenez la prière, par exemple. L'histoire des Réveils montre que tous ont été déclenchés par la prière. Cependant n'est-ce pas justement là que beaucoup d'entre nous tremblent et hésitent devant le prix à payer? La Bible ne nous dit pas grand chose de ce qui s'est passé dans la Chambre haute entre l'Ascension et la Pentecôte; mais nous sommes certains que les disciples étaient avares des minutes qu'ils ne passaient pas à genoux.
Que d'interdits, de scories, de déchets à faire disparaître!
Le miracle de la Pentecôte fut la meilleure preuve de l'œuvre de purification qui s'était faite dans la Chambre haute. Nous savons que toutes les effusions du Saint-Esprit ont toujours été étroitement liées à la prière. "Quand ils eurent prié", nous dit Luc, "le lieu où ils étaient assemblés trembla; ils furent tous remplis du Saint-Esprit" (Actes 4/31).
Les grands mouvements de la Réforme ont été en grande partie les résultats de la prière. On dit de Luther qu'il obtenait de Dieu, en priant, tout ce qu'il voulait. Marie Stuart craignait plus les prières de John Knox que toutes les armées de la reine Elizabeth. L'œuvre magnifique du Saint-Esprit, qui transforma chez les Moraves, en 1727, toutes les discordes en un grand amour, fit d'eux la plus grande force missionnaire du monde. Cette œuvre eut sa source dans la prière. "Y a-t-il jamais eu dans l'histoire de l'Eglise, écrit l'évêque Hasse, une réunion de prière qui ait duré cent ans? Les Moraves la commencèrent à Herrnhute en 1727; ils l'appelèrent l'intercession d'une heure. Se relayant jour et nuit, un frère ou une sœur était toujours en prière. L'objet principal de ces requêtes était l'œuvre de Dieu par l'Eglise. La prière mène l'action. Dans ce cas-là, elle créa un désir ardent, chez les Moraves, de porter le salut de Christ aux païens. Ce fut le commencement des missions modernes. De l'Eglise d'un petit village, il sortit, en vingt-cinq ans, plus de cent missionnaires. Nous ne trouverons nulle part et à aucune époque, aucun mouvement qui égale celui-là" (1) [John Greenfield : Power from on High, pp. 25, 26.]
Mais, pourquoi le mouvement morave n'aurait-il pas aujourd'hui sa contrepartie? Pouvons-nous concevoir que l'Esprit de Dieu se lasse? Nous pouvons être sûrs que la bénédiction nous attend, si nous consentons seulement à nous agenouiller et à la recevoir.
Le trait le plus saillant du Réveil wesleyen, ce fut l'accent que ses chefs mirent sur la prière. Leur habitude était de prier chaque matin de 4 à 5 heures et de 5 à 6 heures le soir. De grands croyants, William Bramwell par exemple, passaient la moitié de la nuit en prière, puis parcouraient une région, brûlants comme une flamme de feu! Si seulement les millions de Méthodistes d'aujourd'hui donnaient à la prière la valeur que lui donnaient leurs grands ancêtres, quels miracles ne se produiraient-ils pas!
Finney comptait plus, pour produire le Réveil, sur les prières de Nash et de Clary que sur sa propre irrésistible logique. Nous sommes si habitués à l'état laodicéen de l'Eglise que l'influence toute-puissante de la prière, au temps de Finney, nous stupéfie. Pensez un peu : quarante pasteurs et missionnaires furent appelés par Dieu, et envoyés dans son champ, comme résultat des prières faites pendant un Réveil dans l'Ecole supérieure de Rochester! En 1857, Finney voyait cinquante mille âmes par semaine se décider à se donner à Dieu. Dans beaucoup de villes, on ne trouvait pas d'assez grande salle pour y tenir les réunions de prière. Ce fut alors que commença celle de Fulton Street, à New-York, dans une salle annexe d'une église. En quelques semaines, l'église elle-même était devenue trop petite, et le surplus des auditeurs remplit d'autres églises voisines.
En 1858, Spurgeon réunit sa grande congrégation et lui dit : "L'Esprit de Dieu sauve en ce moment des multitudes d'âmes aux Etats-Unis. Comme Dieu ne fait acception de personnes, nous allons lui demander les mêmes bénédictions ici". La réponse, ce fut le Réveil de 1859.
M. Moody, assure-t-on, n'acceptait pas d'invitation à tenir une série de réunions, sans faire promettre qu'elle serait préparée par la prière. Au Sud du Pays de Galles, peu avant le grand Réveil de 1904, trois cents réunions de prière avaient été fondées. En fait, le Pays de Galles tout entier devint comme une immense réunion de prière. Le résultat fut qu'en deux mois, soixante-dix mille âmes s'étaient tournées vers Dieu.
A Calcutta, en 1902, deux missionnaires avaient entendu le docteur Torrey parler sur la prière. Elles en furent si frappées qu'en rentrant auprès de leurs paroissiens à Khassa, leur grand sujet fut la prière. Le résultat ne se fit pas attendre : au printemps de 1905, les Khassiens priaient tous. Le Réveil était inévitable. En quelques mois, huit mille convertis furent ajoutés à l'Eglise, dans cette partie de l'Inde.
Dans un de nos premiers chapitres, nous avons raconté comment le grand Réveil en Corée, en 1907, fut le fruit de la prière. Nous sommes convaincus aussi que l'origine de tous les Réveils dont nous avons été témoins en Chine fut: la prière.
Après une série de réunions spécialement émouvantes, un missionnaire me dit : "Si le Seigneur a tant accordé à nos prières, quoi qu'elles aient été si peu nombreuses, que n'aurions-nous pas obtenu, si nous avions prié davantage ?"
"Quel est le secret du Réveil? " demandait-on à un grand évangéliste. "Il n'yen a pas, répondit-il, il vient toujours en réponse à la prière".
Nous affirmons aussi que nous ne pouvons pas compter sur un Réveil général, encerclant le globe entier par le Saint-Esprit, à moins de revenir tout d'abord à la Bible. Les doutes émis sur la Parole de Dieu déshonorent absolument son auteur. Quelle douleur doit être la sienne, quand il voit si peu estimé par les hommes le Livre qui seul rend témoignage à son Fils!
Si la Bible n'est pas pour nous, en toute sincérité, la Parole même de Dieu, nos prières ne sont que moquerie et dérision. Il n'y a jamais eu de Réveil là où n'existaient pas des hommes et des femmes croyant de tout leur cœur à la Parole de leur Dieu et s'appuyant sur ses promesses.
L'épée de l'Esprit qui est la Parole de Dieu, est la seule arme qui ait jamais été utilisée avec puissance dans le Réveil. La Parole de Dieu est toujours, pour celui qui croit en ce qu'elle dit sur elle-même, une épée, un feu, un marteau qui brise le roc.
Dès que Luther eut traduit la Bible en allemand, l'Allemagne fut perdue pour Rome. Moody n'avait pas beaucoup d'instruction, mais il connaissait sa Bible, et il est certain que le monde n'a jamais connu et ne connaîtra peut-être jamais son égal comme gagneur d'âmes.
Lorsque j'étais étudiant, à Toronto, ma seule arme dans les prisons et les bas-fonds que je visitais, était la Bible. En Chine, j'ai souvent fait trente-cinq à quarante allocutions par semaine, qui n'étaient, somme toute, que des paraphrases de la Parole de Dieu. Je puis affirmer que pendant mes quarante et un ans de ministère, je ne me suis jamais adressé à un auditoire de Chinois sans avoir la Bible ouverte devant moi; cela me permettait d'affirmer : "Ainsi dit l'Eternel". Croyant que la simple prédication de l'Evangile suffisait pour amener des âmes à Christ, j'ai toujours agi en conséquence. Je n'ai jamais été déçu. Mon collègue chinois, un des hommes les plus consacrés que j'aie jamais connus, fut sauvé d'une vie de péché et de vices par la première allocution sur l'Evangile qu'il m'entendit prononcer.
Ce que je regrette le plus, en atteignant mes soixante-dix ans, c'est de ne pas avoir consacré plus de temps à l'étude de la Bible. Cependant, en moins de dix-neuf ans, j'ai lu tout le Nouveau Testament chinois cinquante-cinq fois. Cet éminent professeur de la Bible, le docteur Campbell-Morgan, déclare qu'il n'a jamais osé professer sur un livre de la Bible, avant de l'avoir lu au moins cinquante fois.
Il y a quelques années, un Monsieur qui était .à la Convention de Keswick y prit un tel amour pour la BIble, qu'il la lut ensuite douze fois en trois ans. Vous pensez peut-être que c'était un homme de loisir? Nullement, c'était un ouvrier qui partait chaque matin à 5 h 30 pour son usine.
La Bible n'était pas aussi négligée qu'aujourd'hui, quand les grands Réveils de 1857-59 éclatèrent en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Elle n'était pas si abandonnée au temps de Moody. Les lettrés chinois, sous la dynastie mandchoue, devaient savoir par cœur leurs grands classiques. Comment les lettrés des pays soi-disant chrétiens traitent-ils le plus grand des classiques?
Il est tragique de voir combien peu les représentants du Seigneur Jésus en Chine connaissent Sa Parole. Il y a trente ans, l'idéal d'un missionnaire était de connaître assez sa Bible pour ne pas avoir besoin de transporter avec lui sa Concordance. L'indifférence pour la Parole de Dieu, que professent actuellement beaucoup de missionnaires, viendrait-elle de ce qu'ils ont découvert un meilleur moyen de répondre aux besoins spirituels d'un monde pécheur ?
Enfin, la grande raison du Réveil doit être le désir d'exalter dans nos cœurs Jésus-Christ comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Le Christ est pareil au Mont Everest, qui domine l'immense plaine. Si nous voulons qu'Il habite en nous, il faut qu'Il prenne toute la place. Toute idole doit être détruite; Isaac, le bien-aimé, doit être placé sur l'autel. Il faut refuser au moi jusqu'à la moindre satisfaction. C'est alors seulement que nous pourrons voir s'ouvrir devant nous les plus vastes horizons.
On raconte que Mahmoud, le grand conquérant mahométan, détruisit au fur et à mesure de ses victoires dans le nord de l'Inde, toutes les idoles qu'il rencontrait sur son chemin. Il arriva dans la ville de Guggeratt, qui contenait une idole vénérée tout spécialement par les habitants. Les notables vinrent trouver le vainqueur et le supplièrent d'épargner au moins ce dieu-là. Ils lui abandonnaient tous les autres, mais si Mahmoud détruisait celui-là, ils préféraient mourir!
Ils plaidèrent leur cause avec une telle intensité que, pendant un instant, le cœur du général fléchit. Il lui semblait par trop cruel de priver ces pauvres gens de ce qu'ils aimaient mieux que la vie; mais il se souvint qu'il avait fait serment de détruire toutes les idoles. La volonté d'Allah était absolue. Il se fit apporter un marteau, et d'un coup terrible fendit l'idole en deux. A sa stupéfaction, il en sortit tout un flot de bijoux et de pierres précieuses. Les habitants de la ville en avaient fait une cachette, et ils espéraient que le vainqueur, en leur laissant l'idole, leur permettrait, à son insu, de sauver leurs richesses. Voyez la perte qu'aurait subie le vainqueur, s'il l'avait épargnée!
Y eut-il jamais une occasion pareille à celle qui fut donnée aux conducteurs spirituels de nos Eglises, à la conférence d'Edimbourg en 1910, d'abandonner leurs idoles ecclésiastiques et d'entrer en contact avec les richesses insondables du Christ? Il n'y a jamais eu dans les temps modernes, une réunion ecclésiastique qui ait suscité plus d'espoirs. Des leaders religieux étaient venus de toutes les parties du monde. Plusieurs espéraient qu'une ère nouvelle allait s'ouvrir pour les Missions. Le sujet du dernier jour était : "La Base de l'arrière (The Home Base". Ce sujet faisait naître la vision de magnifiques possibilités. Les Eglises des pays chrétiens, fortifiées par le Saint-Esprit, allaient envoyer des hommes qualifiés comme Paul et Barnabas. Avec de telles énormes ressources en argent et en vocations, le monde allait être évangélisé au cours d'une génération.
Hélas! ce n'était qu'un rêve. Je n'ai jamais éprouvé une plus vive déception que ce jour-là! De tous ceux qui parlèrent à cette grande réunion, trois seulement mirent l'accent sur le Saint-Esprit comme étant le grand facteur de l'évangélisation du monde. A écouter les discours prononcés ce jour-là, on était obligé de conclure, que pour donner l'Evangile aux païens, il suffisait d'avoir une meilleure organisation, des moyens matériels plus perfectionnés, un plus grand nombre de vocations masculines et féminines. Il y avait pourtant des symptômes, dans cette assemblée, qui faisaient prévoir que quelques étincelles de plus auraient suffi pour produire une explosion. Mais non! Il en aurait trop coûté de mettre à bas l'idole ecclésiastique!
Frères, l'Esprit de Dieu est toujours avec nous. La Pentecôte est à notre portée. Si le Réveil nous est refusé, c'est qu'une idole est encore adorée en cachette; c'est que nous mettons notre confiance dans les plans humains. Nous nous refusons à croire cette vérité immuable : "Ce n'est ni par la puissance, ni par la force, mais c'est par MON ESPRIT, dit l'ETERNEL DES ARMEES" (Zacharie 4/6).

Référence: Par Mon Esprit, Jonathan Goforth - Editions Viens et Vois