Introduction
Nous parlons dans ce livre 
        de résultats anormaux. Si l'Esprit tout puissant exerce sa souveraineté 
        dans les cœurs et les consciences, le résultat doit être 
        hors de la normale.
Le docteur AT. Schofield 
        écrit, dans sa préface au livre de Miss Dyer, "Le Réveil 
        aux Indes" : "Nous devons comprendre une chose, c'est que, depuis la Pentecôte, 
        le travail soudain et direct de l'Esprit de Dieu sur les âmes a 
        toujours été accompagné de manifestations plus ou 
        moins anormales. Après tout, n'est-ce pas naturel? Nous pouvons 
        nous attendre à ce qu'un flot surabondant de puissance et de lumière 
        divines agissant profondément sur les émotions et transformant 
        les vies, ait de remarquables résultats.
"De même qu'un tremblement 
        de terre, une inondation, un ouragan, sont des manifestations extraordinaires, 
        un Réveil véritable est un événement qui sort 
        de l'ordinaire" .
Peut-être aucun mouvement 
        du Saint-Esprit depuis la Pentecôte n' a-t-il été 
        aussi riche en résultats que le Réveil morave du 18ème 
        siècle. Nous lisons ceci: "A midi environ, le dimanche 10 août 
        1727, pendant que le pasteur Rothe faisait une réunion à 
        Herrnhut, il se sentit submergé par la puissance merveilleuse et 
        irrésistible du Seigneur et s'effondra dans la poussière 
        devant Dieu. Toute l'assemblée fit comme lui, dans des sentiments 
        d'une intensité inexprimable. Ils continuèrent ainsi jusqu'à 
        minuit, priant, chantant dans les pleurs et les supplications" () [John 
        Greenfield : Power from on High, p. 24 (traduit des souvenirs de 
        l'Eglise morave renouvelée].
Les récits qui nous 
        ont été conservés de "l'agape" à Fetterlane, 
        à Londres, le jour de l'an 1739, nous donnent un aperçu 
        des débuts d'un autre grand mouvement qui commença à 
        la même époque. Soixante Moraves assistaient à cette 
        réunion, et sept Méthodistes d'Oxford : John Wesley et son 
        frère Charles, Georges Whitefield, Wesley Hall, Benjamin Ingham, 
        Charles Kinchin et Richard Hutchins, tous pasteurs consacrés de 
        l'Eglise anglicane. Wesley écrit, à propos de cette réunion 
        :
"A trois heures du matin, 
        alors que nous priions avec insistance, la puissance de Dieu vint avec 
        force sur nous, à tel point que beaucoup pleuraient de joie et 
        plusieurs tombaient par terre.
Aussitôt que nous fûmes 
        un peu revenus de la crainte et de l'étonnement causés par 
        la présence de Sa Majesté Sainte, nous chantâmes d'une 
        seule voix: "Nous te louons ô Dieu; nous te reconnaissons comme 
        le Seigneur". (1) [John Greenfield : Power from on High, p. 35 
        (traduit du Journal de Wesley). Fragment de la liturgie anglicane.]
J'étudiais à 
        Knox College, quand M. Moody fit une série de réunions de 
        trois jours à Toronto pendant l'hiver de 1883. Je n'ai jamais vu 
        une réunion plus émouvante que celle d'un certain après-midi. 
        Aucun œil n'était sec, et ceux qui commençaient à 
        prier étaient vite arrêtés par leur émotion.
Cependant, tout en parlant 
        des manifestations de la Pentecôte comme anormales, nous maintenons 
        que la Pentecôte fut le Christianisme normal. Quand le Saint-Esprit, 
        prenant la place de Jésus-Christ, se charge du contrôle, 
        les résultats sont toujours conformes au plan divin.
"Chacun était fortifié 
        par l'Esprit dans l'homme intérieur. Christ habitait dans leurs 
        cœurs par la foi, ils étaient enracinés et fondés 
        dans l'amour. Ils étaient remplis de toute la plénitude 
        de Dieu, et Dieu faisait en eux et par eux au-delà de tout ce qu'ils 
        avaient demandé ou pensé."
Se contenter de moins, c'eût 
        été ravir au Seigneur les mérites du Calvaire. Le 
        but du Saint-Esprit était de glorifier le Seigneur Jésus 
        tous les jours, depuis son couronnement jusqu'à son retour. Il 
        est inconcevable qu'il se lasse de bien faire. Ma conviction est que la 
        puissance divine, si manifeste dans l'Eglise de Pentecôte, doit 
        être en évidence de la même façon dans l'Eglise 
        actuelle. Le Christianisme normal, dans les intentions du Seigneur, ne 
        devait pas commencer par l'Esprit pour finir par la Chair. La construction 
        du temple spirituel ne se poursuit ni par la puissance, ni par la force, 
        mais toujours par Son Esprit. (2) [Zacharie 4/6].
Ce fut après avoir 
        été rempli de l'Esprit, que le Seigneur lui-même se 
        rencontra avec Satan et le terrassa. Aucun enfant de Dieu n'a jamais remporté 
        la victoire sur l'adversaire, sans avoir reçu la puissance de la 
        même source.
Le Seigneur n'a pas permis 
        à ses disciples de témoigner en son Nom, sans avoir d'abord 
        été revêtus de la puissance d'En-Haut. Il est vrai 
        qu'avant ce jour-là, ils étaient nés de nouveau, 
        étaient devenus des enfants du Père céleste, et avaient 
        reçu le témoignage de l'Esprit. Mais ils n'étaient 
        pas des collaborateurs capables, et ne pouvaient l'être, avant d'être 
        remplis du Saint-Esprit. Cette puissance divine est pour nous comme pour 
        eux. Nous aussi, nous pouvons faire les œuvres que notre Seigneur a faites, 
        et même en faire de plus grandes. A mon sens, l'Ecriture ne veut 
        pas dire autre chose que ceci : le plan du Seigneur Jésus est que 
        le Saint-Esprit continue à agir parmi nous, de notre temps, par 
        des manifestations aussi puissantes que celles de la Pentecôte. 
        Un seul doit pouvoir en chasser mille et en mettre en fuite dix mille, 
        car Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et éternellement.
Mais est-ce que ce baptême 
        du Saint-Esprit a des effets durables? Combien de fois l'incrédulité 
        m'a posé cette question! Naturellement l'œuvre durera, si l'homme 
        est fidèle. Lorsque les rachetés par le sang du Christ se 
        laissent complètement dominer par leur Sauveur, toutes les ressources 
        de Dieu le Père sont mises en activité pour la gloire de 
        l'Agneau qui a été immolé.
L'efficacité du baptême 
        du Saint-Esprit et de feu ne disparaît que quand l'âme éteint 
        volontairement l'Esprit.
Est-ce que la Pentecôte 
        a duré? Est-ce que Dieu a voulu qu'elle cessât? La Pentecôte 
        était de Dieu. Le Réveil de Wesley l'était aussi. 
        Ce n'est donc pas Dieu, mais l'homme qu'il faut blâmer de ce que 
        les canaux par lesquels passaient les flots de bénédiction 
        ont été obstrués. Pouvons-nous imaginer un homme 
        décidé à collaborer avec Dieu jusqu'à l'extrême 
        limite de ses forces et se posant la question : "Est-ce que cela durera 
        ?"
A un certain endroit, en 
        Mandchourie, le Saint-Esprit était descendu sur les gens avec une 
        puissance extraordinaire. Les évangélistes chinois allèrent 
        demander au missionnaire pourquoi il ne leur avait jamais dit que l'Esprit 
        pouvait travailler avec une telle puissance.
Le missionnaire répondit 
        humblement que lui-même ignorait que cela fût possible. Quelle 
        tristesse, de sortir "des écoles de prophètes", et de ne 
        pas savoir que le Saint-Esprit peut nous revêtir de puissance, afin 
        que nous puissions délivrer un message de prophète!
Une association de pasteurs 
        d'une certaine ville du Canada m'invita à leur parler du Réveil 
        que le Saint-Esprit opérait en Chine. Je leur assurai que je n'avais 
        aucune raison de me croire un favori du Tout-Puissant. Ce que Dieu avait 
        fait en Chine, il le ferait volontiers pour eux au Canada. Par conséquent, 
        chaque serviteur de Dieu devait avoir la foi et le courage de croire que 
        Dieu le Saint-Esprit pouvait réveiller son peuple. Je leur montrai 
        que John Wesley et ses collègues avaient été des 
        hommes ordinaires, jusqu'à ce que leurs cœurs fussent touchés 
        par le feu divin. A ce moment-là, un prédicateur méthodiste 
        réputé m'interrompit : "Quoi, Monsieur, s'écria-t-il, 
        voulez-vous dire que nous ne prêchons pas bien mieux aujourd'hui 
        que John Wesley? " 
- "Avez-vous les mêmes 
        résultats que lui ?", demandai-je.
Une autre fois, on me demanda 
        de parler à un synode presbytérien, à Toronto. Mon 
        sujet était le Réveil de 1908 à Changtehfu. Je me 
        souviens de ce Réveil comme le plus puissant que j'aie jamais vu. 
        Pendant les dix jours merveilleux que les réunions durèrent, 
        je dus renoncer sept fois à prononcer une allocution, tant l'Esprit 
        de Dieu brisait les cœurs. Pendant que je racontais tout cela au synode, 
        un certain professeur de théologie, assis près de moi, n'avait 
        pas l'air heureux. Mon récit de la puissance que le Saint-Esprit 
        possède pour convaincre de péché un auditoire chinois 
        semblait agacer ses nerfs. On me dit plus tard qu'un autre professeur 
        de théologie, assis dans une autre partie de la salle, n'avait 
        pas l'air à son aise, il finit par se retourner et dire entre ses 
        dents : "Quelle stupidité !" (l) [En anglais: "rats !"]. Il était 
        bien près d'avoir commis le péché contre le Saint-Esprit. 
        Est-ce que vraiment de tels prophètes peuvent former dans leurs 
        écoles, des jeunes prédicateurs possédés par 
        le message du Saint-Esprit? Pouvons-nous être étonnés 
        que la spiritualité de la chrétienté soit à 
        un niveau si bas?
Trente-deux pour cent des 
        Eglises des Etats-Unis n'ont eu aucune augmentation de membres en 1927. 
        Les auditoires religieux en Grande-Bretagne ont diminué de moitié 
        depuis vingt-cinq ans.
Un réveil du Saint-Esprit, ou l'Apostasie.
Nous sommes convaincus que 
        la majorité des chrétiens vivent à un niveau spirituel 
        beaucoup plus bas que celui que leur Maître veut pour eux. Quelques-uns 
        seulement "entrent dans leurs possessions". Rien ne peut nous revêtir 
        de la puissance victorieuse, sinon le baptême du Saint-Esprit et 
        de feu; et personne ne peut avoir reçu ce baptême sans le 
        savoir. Tant de membres d'Eglise ne connaissent que le baptême d'eau!
Cependant le grand Précurseur 
        a dit : "Je vous baptise d'eau pour vous amener à la repentance, 
        mais celui qui vient après moi est plus grand que moi... Il vous 
        baptisera du Saint-Esprit et de feu." Hélas! Bien des conducteurs 
        spirituels ne connaissent pour eux et leurs troupeaux que "le baptême 
        de Jean".
Malgré tout notre 
        orgueil ecclésiastique et notre confiance en nous-mêmes, 
        quelle partie de notre construction résistera à l'épreuve 
        de feu?
Nous ne pouvons trop affirmer 
        notre conviction, que tous les obstacles à la vie spirituelle dans 
        l'Eglise viennent du péché. Vous verrez, dans les chapitres 
        suivants, comment le Saint-Esprit amène à la lumière 
        les interdits de toutes sortes. Ce qui est effroyable, c'est que les péchés 
        qui se trouvent hors de l'Eglise existent aussi, bien qu'en moindre proportion, 
        dans l'Eglise elle-même. Pour que des jugements trop sévères 
        ne soient pas portés, nous ferons remarquer que beaucoup d'Eglises 
        chinoises ne sont séparées du paganisme que par une génération 
        à peine. Mais n'ayons pas l'illusion de croire que tout est pour 
        le mieux dans nos vieilles Eglises d'Europe ou d'Amérique. C'est 
        le péché individuel des membres de l'Eglise qui contriste 
        et éteint l'Esprit. Nous perdrions beaucoup de notre propre justice 
        si nous découvrions que l'orgueil, la jalousie, le mauvais caractère, 
        la médisance, l'avarice, l'envie et les choses de cette sorte sont 
        aussi haïssables aux yeux de Dieu que ce qu'on appelle les péchés 
        grossiers. Tout péché dans le croyant, gâte l'œuvre 
        rédemptrice du Christ. Les cris les plus perçants que j'ai 
        jamais entendus, ont été poussés par des chrétiens 
        chinois, qui se sont aperçus qu'ils avaient crucifié à 
        nouveau le Seigneur de gloire. "Non, la main de l'Eternel n'est pas trop 
        courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont 
        vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu, 
        ce sont vos péchés qui vous cachent sa face et l'empêchent 
        de vous écouter." (Esaïe 5911-2).
L'impureté, les crimes 
        des Eglises ne peuvent être balayés que par l'Esprit et par 
        le feu. 
A cause de l'importance donnée 
        dans ce livre à la confession du péché, il sera bon 
        que je donne mes vues personnelles à ce sujet.
Il y a quelques années, 
        j'allais commencer une série de réunions dans un centre 
        religieux important en Chine. Une dame missionnaire vint me voir pour 
        m'exposer ce qu'elle appelait "un plan sûr pour émouvoir 
        les âmes". Elle voulait que je commence par une confession de mes 
        péchés; elle suivrait, puis je persuaderais les autres missionnaires 
        d'en faire autant. Les pasteurs chinois, naturellement, continueraient 
        et ainsi, affirmait-elle, tous s'effondreraient.
Je lui répondis que 
        le Seigneur ne m'avait pas fait voir les choses de cette façon. 
        "Si j'ai des interdits, lui
dis-je, ils sont un obstacle 
        à Honan (d'où je viens), où je suis connu; il en 
        est de même dans votre cas. Donc, mieux vaut retourner au plus tôt 
        dans nos champs respectifs et renoncer à nos interdits. Confesser 
        nos péchés devant cet auditoire qui ne nous connaît 
        pas, serait perdre un temps précieux. De plus, qui suis-je pour 
        encourager ces missionnaires à confesser leurs péchés, 
        alors que peut-être ils vivent plus près de Dieu que moi? 
        L'Esprit ne désire pas que je sois un détective. Si les 
        missionnaires ont des interdits, le Saint-Esprit les obligera bien à 
        les balayer, c'est son affaire et non la nôtre." Je n'ai jamais 
        rien vu de plus émouvant que le spectacle de ces missionnaires; 
        à la dernière réunion, ils s'humilièrent devant 
        l'auditoire, et confessèrent les péchés qui entravaient 
        leur vie chrétienne. Nous avons le sentiment absolu que les péchés 
        commis avant la conversion sont sous le sang du Fils de Dieu et n'ont 
        pas à être confessés publiquement. Le faire, ce serait 
        amener le déshonneur sur le sacrifice du Calvaire. Nous avons entendu 
        des membres d'Eglise confesser des péchés commis avant qu'ils 
        se fussent joints à l'Eglise, mais ils n'étaient pas réellement 
        nés de nouveau en devenant membres. L'humiliation, inspirée 
        par le Saint-Esprit, qui accompagnait leurs confessions, remplissait d'une 
        crainte respectueuse l'auditoire, fortement ému. De plus, d'après 
        nos observations, nous concluons qu'il doit y avoir d'abord parmi les 
        vrais enfants de Dieu une profonde conviction de péché avant 
        de s'attendre à ce que les autres soient touchés. D'après 
        notre propre expérience, nous pouvons déclarer que chaque 
        fois que cette condition préliminaire a été remplie, 
        les inconvertis de l'auditoire se sont complètement effondrés 
        devant Dieu. Il n'y aurait pas eu de Pentecôte, si, tout d'abord, 
        les cent-vingt dans la Chambre Haute n'étaient pas arrivés 
        à ce stade. Les chrétiens chinois parlent de ce travail 
        de l'Esprit comme d'un jugement, mais c'est un "hsiao shen pan" (petit 
        jugement), car le chemin est encore ouvert à celui qui confesse 
        ses péchés pour obtenir la purification par le sang précieux 
        du Christ.
Nous croyons aussi qu'en 
        ce qui concerne le péché secret, c'est-à-dire le 
        péché connu par l'âme seule et par Dieu, il suffit 
        généralement pour obtenir le pardon, de le confesser dans 
        la prière secrète. Nous disons en général, 
        parce que nous avons vu beaucoup de cas de pasteurs et conducteurs de 
        l'Eglise pour lesquels la confession secrète n'avait pas suffi. 
        Leur confession angoissée et publique montrait clairement que pour 
        eux, du moins, il n'y avait que ce moyen d'être soulagé.
Quant au péché 
        commis contre une personne particulière, l'Ecriture est parfaitement 
        explicite. "Si tu présentes ton offrande à J'autel, et que 
        là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre 
        toi, laisse là ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier 
        avec ton frère, puis viens présenter ton offrande" (Matthieu 
        5/24-25).
Il est inutile de prier si 
        nous savons que nous avons fait du tort à quelqu'un. Réparons 
        d'abord, avant d'oser nous approcher de Dieu en public ou en secret. Je 
        crois que le Réveil éclaterait dans presque toutes les Eglises, 
        si cette règle était suivie. Enfin, pour les péché 
        publics, l'expérience nous a montré qu'on ne pouvait en 
        être débarrassés que par la confession publique. Ceci, 
        il est vrai, signifie la crucifixion de la chair; mais par notre désobéissance 
        volontaire, nous avons exposé à la honte ouvertement notre 
        Seigneur de gloire, et cette confession est le prix que nous devons payer.
Il y a quelques années, 
        nous adressant à une assemblée nombreuse de pasteurs et 
        d'anciens au Canada, nous insistâmes sur le fait que Dieu voulait 
        que nous mettions l'accent sur le péché.
Quelques heures après, 
        à une réunion de pasteurs, le sujet revint sur le tapis, 
        et on me dit que la majorité des assistants, après une bonne 
        discussion, affirmèrent, au contraire, qu'on avait trop insisté 
        sur la question du péché. Mais la pensée de l'homme 
        n'est pas celle de Dieu. Le Calvaire est l'accent mis par Dieu sur le 
        péché. Sûrement, nous ne pouvons lui donner trop d'importance, 
        puisque le Fils sans péché a dû être fait péché 
        pour nous. N'est-ce pas John Wesley qui murmura, au moment d'entrer dans 
        la présence de son divin Roi : "Je suis le premier des pécheurs, 
        mais Jésus mourut pour moi !"
Nous parlerons dans le cours 
        de cet ouvrage, des possessions démoniaques. Nous savons que ce 
        n'est pas un sujet à la mode. Quand le livre du docteur Nevius, 
        intitulé "Demon Possession", parut, l'éditeur d'un journal 
        bien connu écrivit : "Voilà un nouvel exemple de la manière 
        dont quelques hommes laissent facilement aller leur raison à la 
        dérive". Cependant, ce que nous avons vu de nos yeux nous amène 
        à la conclusion que ce n'est pas le docteur Nevius, mais l'éditeur, 
        qui a trop facilement laissé sa raison aller à la dérive.
Citons l'opinion du docteur 
        Schofield, médecin spécialiste renommé de Londres: 
        "Je pense, écrit-il, que ceux qui connaissent l'Orient ne peuvent 
        mettre en doute que Satan y règne sans conteste... L'aliénation 
        mentale est un mot général qui couvre toute espèce 
        de folie, mais il couvre davantage encore. Mon expérience même 
        en Angleterre, et celle de tous les hommes expérimentés 
        ayant affaire aux maladies mentales, prouve sans aucun doute qu'ici et 
        là nous rencontrons des cas de gens "possédés" de 
        quelque esprit malin. Je suis un de ceux qui croient à l'existence 
        de cas semblables. Je crois de plus que ces démons peuvent être 
        chassés et l'ont été, leurs victimes étant 
        revenues à leur état normal" (1) [Helen S. Dyer : Réveil 
        aux Indes, p. 14].
Plusieurs personnes ont qualifié 
        le travail que Dieu m'a confié comme étant de simple émotivité. 
        Nous ne nous défendrons qu'en citant quelques extraits de lettres 
        reçues par des amis, au Canada, écrites par des missionnaires 
        en Mandchourie au cours du Réveil de 1908.
"Jusqu'à présent 
        j'avais en horreur les manifestations religieuses, hystériques 
        et émotives. Les premières crises de larmes que je vis se 
        produire chez des hommes me déplurent extrêmement. Je ne 
        savais pas ce qu'elles cachaient. Enfin, il devint évident pour 
        moi que l'Esprit de Dieu seul travaillait dans les cœurs".
"Souvenez-vous que le Chinois 
        est l'homme qui craint le plus l'opinion publique, qu'il y avait là 
        des hommes et même des femmes qui bravaient tous les préjugés, 
        violant la tradition séculaire de ne jamais s'humilier, ni s'abaisser 
        en public. Vous pouvez vous imaginer l'étonnement, l'émerveillement 
        qui remplissaient le cœur des missionnaires."
"Une puissance est survenue 
        dans l'Eglise que nous ne pouvions maîtriser, même si nous 
        le voulions. C'est un miracle que l'impassible Chinois, si plein de propre 
        justice, arrive à confesser de lui-même des péchés 
        qu'aucune torture du "Yamen" (justice chinoise) n'aurait pu lui arracher; 
        qu'un Chinois s'abaisse au point de réclamer en pleurant les prières 
        de ses frères en la foi, cela est impossible à expliquer 
        au point de vue humain."
"Nous sommes confondus par 
        la merveille de ce Réveil... Nous avons entendu parler de ceux 
        du pays de Galles, aux Indes et même chez nos proches voisins, en 
        Corée, mais quand la bénédiction tombe si richement, 
        si pleinement comme elle le fait au milieu de nous quelques jours, quelle 
        différence !"
"Vous vous dites peut-être 
        que c'est de l'hystérie religieuse. Nous l'avons cru aussi, quand 
        nous avons entendu parler de Réveil. Mais nous sommes ici soixante 
        presbytériens écossais et irlandais qui en avons été 
        les témoins. Beaucoup d'entre nous en ont eu peur au début, 
        mais après avoir vu ce qui s'est passé ici chaque jour de 
        la semaine dernière, il n'y a certainement qu'une explication : 
        c'est que l'Esprit de Dieu se manifeste d'une manière inimaginable. 
        Nous n'avons pas le droit de critiquer. Nous ne l'osons pas. Un des articles 
        du Credo qui revient à nos mémoires dans toute sa solennité 
        est celui-ci: "Je crois au Saint-Esprit" .
CHAPITRE II
Préparation intensive
En automne 1901, après 
        m'être remis des effets terribles de la révolte des Boxers, 
        je commençai, en rentrant en Chine, à être de plus 
        en plus mécontent des résultats de mon travail. Dans mes 
        premières années de ministère, je m'étais 
        consolé de mes insuccès, en pensant que les semailles devaient 
        précéder la moisson, et que celle-ci viendrait en son temps. 
        Mais la moisson, au bout de treize ans de travail, me semblait plus loin 
        que jamais. Je sentais qu'une bénédiction bien plus grande 
        m'attendait, si seulement j'étais capable d'en avoir la vision, 
        et d'avoir la foi pour la saisir. A mon esprit revenaient constamment 
        ces paroles : "En vérité, en vérité, je vous 
        le dis, celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais et il en fera 
        même de plus grandes..."
Je sentais profondément 
        qu'il était impossible de croire que ce que je faisais année 
        après année équivalait aux "œuvres plus grandes". 
        Mécontent, inquiet, j'étudiais plus attentivement les Ecritures. 
        Tout passage portant sur la question de la puissance était pour 
        moi vie et respiration. J'avais dans ma bibliothèque de nombreux 
        livres sur le Réveil. Je les lus et les relus. Cela devenait une 
        telle obsession, que ma femme avait peur que ma raison ne succombât. 
        Les récits du Réveil gallois de 1904 et 1905 me furent d'un 
        grand secours. Le Réveil n'était donc pas une chose du passé. 
        Je me rendis compte, graduellement, que j'avais découvert un filon 
        d'une richesse infinie.
Un ami travaillant aux Indes, 
        m'envoya, au cours de l'automne de 1905, des extraits de l'autobiographie 
        de Finney et, de ses discours de Réveil. Ce fut l'étincelle 
        qui m'embrasa. "Est-ce qu'un fermier, disait la préface, penserait 
        à prier pour obtenir une moisson sans avoir d'abord semé 
        ? Pourquoi les chrétiens s'attendraient-ils à une grande 
        moisson d'âmes, même s'ils la demandent à Dieu, avant 
        d'avoir rempli d'abord les lois de la récolte spirituelle ?" 
Si Finney a raison, me dis-je, 
        je vais découvrir quelles sont ces lois et je les observerai coûte 
        que coûte.
Au début de 1906, 
        alors que j'étais en route pour participer à la campagne 
        intensive d'évangélisation qui se fait annuellement à 
        la grande foire idolâtre de Hsun-Hsien, un collègue me prêta 
        l'autobiographie complète de Finney. Il m'est impossible de dire 
        ce que ce livre fut pour moi. Nous, les missionnaires, en lûmes 
        une portion chaque jour tant que dura la foire. C'est à cette foire 
        que je commençai à voir les premiers signes dans les cœurs 
        de mes auditeurs de l'action de la puissance suprême. Un jour, tandis 
        que j'avais pris pour texte, 1 Timothée 2/1 à 7, plusieurs 
        personnes furent profondément émues. Un évangéliste 
        murmura avec une crainte respectueuse: "Mais ces gens paraissent émus 
        comme les auditeurs de Pierre à la Pentecôte." Le même 
        soir, je parlai devant une salle comble. Mon texte était 1 Pierre 
        2/24 : "Il a porté lui-même nos péchés en son 
        corps sur le bois...". La conviction du péché se lisait 
        sur tous les visages. Quant, à la fin, je demandai des décisions, 
        l'auditoire entier se leva comme un seul homme en criant : "Nous voulons 
        suivre ce Jésus qui est mort pour nous !" Je pensais qu'un des 
        évangélistes allait parler après moi, mais en me 
        retournant, je les vis tous les dix, debout, sans mouvement, regardant, 
        étonnés. Tandis que l'un d'eux restait dans la salle pour 
        parler à la foule, j'allai avec les autres dans une chambre contiguë 
        pour prier. Pendant quelques minutes ce fut un silence absolu. Tous semblaient 
        trop frappés de crainte pour parler. Enfin, la voix tremblant d'un 
        évangéliste s'éleva : "Mes frères, Celui pour 
        qui nous avons prié si longtemps était présent en 
        personne parmi nous ce soir. Mais sachons bien que pour qu'Il demeure 
        avec nous, il faudra que notre manière de vivre soit très 
        châtiée."
En 1906, en automne, désappointé 
        par l'état languissant de mes annexes, je projetais une tournée 
        pour essayer de les réveiller. Mais il y avait cependant entre 
        le Seigneur et moi une question qui devait être réglée 
        avant tout. Inutile d'entrer dans les détails; tout ce que je puis 
        dire, c'est qu'il s'agissait d'un différend entre un collègue 
        et moi. Je sentais honnêtement que j'étais dans mon droit. 
        ( Ceci est très humain. Dans toute querelle il est toujours sage 
        de faire la part de chacun). En tout cas, l'impulsion de l'Esprit était 
        claire. Il fallait que cette affaire fût réglée. Je 
        répondais toujours à Dieu que la faute était du côté 
        de mon collègue et non pas du mien; c'est lui qui devait venir 
        à moi, et non moi qui devais aller à lui. L'Esprit parlait 
        toujours. "Mais enfin, Seigneur, discutai-je, il est venu dans mon bureau 
        et s'est accusé avec larmes. La chose n'est-elle pas arrangée 
        ?"
"Hypocrite! semblait-il me 
        dire, tu sais très bien que vous ne vous aimez pas comme je vous 
        ai commandé de le faire." Je persistais : "La faute est du côté 
        de mon collègue, je ne puis rien faire". Alors vint la parole finale 
        : "Si tu ne règles pas cette question avant de partir pour ta tournée, 
        tu échoueras, je ne pourrai aller avec toi." Cela m'humilia un 
        peu. Je n'avais pas du tout envie de faire cette tournée si longue 
        et si fatigante sans Son aide; je savais bien que seul je serais "comme 
        battant l'air".
La veille de mon départ, 
        je devais présider une réunion de prière pour les 
        chrétiens chinois. Tout le long du chemin, la voix continuait à 
        me presser: "Va, et arrange cette affaire, pour que je puisse t'accompagner 
        demain". Je ne voulais pas céder. Je commençai la réunion. 
        Cela alla bien pendant le premier cantique et la lecture de la Bible. 
        Mais aussitôt que j'ouvris la bouche pour prier, je ne savais plus 
        ce que je disais, car l'Esprit me répétait sans cesse : 
        "Hypocrite ! pourquoi ne règles-tu pas cette affaire ?" Je fus 
        encore plus troublé pendant ma courte allocution. Finalement à 
        peu près à la moitié de mon discours, le fardeau 
        devint si intolérable que je cédai et dis en mon cœur : 
        "Seigneur, dès la fin de la réunion j'irai régler 
        cette affaire". Instantanément, quelque chose sembla céder 
        devant l'auditoire. Mes auditeurs ignoraient ce qui se passait dans mon 
        cœur, et cependant l'atmosphère fut absolument transformée.
Quand la réunion fut 
        ouverte à tous, ceux qui voulaient prier se levèrent l'un 
        après l'autre, mais ne purent qu'éclater en pleurs. Depuis 
        vingt ans que les missionnaires travaillaient dans le Honan, ils avaient 
        espéré en vain voir les Chinois verser des larmes de repentir.
La réunion ne se termina 
        que très tard. Aussitôt qu'il fut possible, je me hâtai 
        d'aller chez mon collègue pour régler ce qui nous divisait. 
        Les lumières étaient éteintes, toute la famille était 
        couchée. Je revins chez moi pour ne pas les déranger. Mais 
        la chose était en règle. Le lendemain, dès l'aube, 
        je me mis en route pour l'une de mes annexes. Les résultats de 
        cette tournée dépassèrent toutes mes espérances. 
        L'Esprit de Dieu partout se manifesta, jugeant le péché. 
        Les torts furent réparés, les choses tordues furent redressées. 
        Je ne pus consacrer qu'une soirée à un certain endroit, 
        mais tous les auditeurs furent touchés aux larmes. Dans l'année 
        qui suivit, le nombre des membres de l'Eglise, dans l'une de mes annexes, 
        fut doublé; dans une autre 54 personnes furent ajoutées 
        à l'Eglise, et dans une autre, 88.
Quelques mois après 
        cette première tournée, le monde religieux fut électrisé 
        par le récit du Réveil en Corée.
Le secrétaire de notre 
        Société, alors en visite en Chine, le docteur R.P. Mac Kay, 
        me demanda de l'accompagner en Corée. Inutile de dire avec quelle 
        joie j'acceptai cette proposition. Le mouvement religieux en Corée, 
        en me montrant les possibilités illimitées du Réveil 
        était d'une importance capitale pour moi.
Il est bon de connaître 
        le Réveil par les récits de la presse, mais quelle différence 
        cela fait de le voir de ses yeux, d'en respirer l'atmosphère, de 
        sentir vibrer son cœur dans ces réunions! Je compris en Corée, 
        avec d'autres, que le Réveil était le plan de Dieu pour 
        mettre le monde en feu. J'étais depuis bien peu en Corée, 
        quand je vis la source d'où était né ce grand mouvement. 
        M. Swollen, de Pingyang, me raconta que les missionnaires de sa station, 
        méthodistes et presbytériens, après avoir lu des 
        récits de Réveil aux Indes, avaient pris la décision 
        de prier chaque jour à midi pour obtenir une grâce semblable.
"Au bout d'un mois, dit M. 
        Swollen, un frère proposa de cesser ces réunions; car disait-il, 
        voilà un mois que nous prions et rien ne change. Nous y passons 
        beaucoup de temps, et sans résultat. Continuons notre travail, 
        et prions chacun chez nous, à l'heure la plus commode".
Cette proposition semblait 
        logique. Cependant la majorité décida qu'au lieu d'arrêter 
        les prières, nous devions au contraire les prolonger. Nous fixâmes 
        alors l'heure de notre rencontre à 4 heures au lieu de midi, pour 
        pouvoir prier, s'il le fallait, jusqu'au souper. Nous persévérâmes 
        jusqu'à ce que, après des mois d'attente, l'exaucement vint".
Ces missionnaires de Pingyang 
        étaient, autant que je m'en souviens, des gens moyens, comme vous 
        et moi. Aucun d'eux n'était doué remarquablement. Ils vivaient, 
        travaillaient, agissaient comme les autres missionnaires. Mais dans la 
        prière ils étaient différents. Un soir, le docteur 
        Mac Kay et moi, fûmes invités à la réunion 
        missionnaire de prière. Je n'avais jamais été si 
        conscient de la présence divine que ce soir-là.
Ces missionnaires nous portaient 
        jusqu'au trône même de Dieu. On avait le sentiment qu'ils 
        parlaient à Dieu face à face. En revenant chez nous, le 
        docteur Mac Kay resta silencieux un long moment. Je pouvais voir qu'il 
        était très remué. Enfin, avec une profonde émotion, 
        il me dit : "Quelle prière stupéfiante! Vous autres, dans 
        le Honan, vous êtes loin d'atteindre un niveau pareil".
Ce qui me frappa aussi, ce 
        fut la nature pratique du mouvement. Ce n'était pas une rafale 
        d'enthousiasme religieux disparaissant avec le vent qui l'a apportée, 
        bien qu'il y eût naturellement, les manifestations extérieures 
        qui accompagnent inévitablement des effusions aussi phénoménales 
        de puissance spirituelle.
Un fait patent, c'est qu'il 
        y avait là des dizaines de milliers d'hommes et de femmes dont 
        la vie avait été radicalement transformée par le 
        feu divin. Je vis de grandes églises contenant 1500 personnes, 
        si combles qu'il fallut organiser deux réunions; une pour les femmes 
        et une pour les hommes. Tous étaient presque tragiquement désireux 
        de répandre "la bonne nouvelle". Même des petits garçons 
        abordaient dans la rue des grandes personnes pour les supplier d'accepter 
        Jésus pour Sauveur. Je remarquai encore une chose: c'était 
        leur extraordinaire générosité. La pauvreté 
        des Coréens est proverbiale. Cependant un missionnaire me dit qu'il 
        avait peur de mentionner devant ses fidèles un besoin quelconque, 
        car ils donnaient tant! Partout existait un véritable culte pour 
        la Parole de Dieu. Chacun portait sa Bible avec lui, et le merveilleux 
        esprit de prière pénétrait tout.
Pour retourner à Honan, 
        le docteur Mac Kay et moi passâmes par la Mandchourie. Puisque Dieu 
        ne fait pas acception de personnes, j'étais sûr qu'il était 
        prêt à bénir la Chine comme Il avait béni la 
        Corée. A Moukden, je racontai, un dimanche matin, à un vaste 
        auditoire, l'histoire du Réveil coréen. Tous semblaient 
        profondément émus, et l'on me demanda de revenir en février 
        de l'année suivante pour tenir une série de réunions 
        pendant une semaine. A Liaoyang, mon récit fut accueilli de la 
        même façon, et l'on me fit la même requête. Continuant 
        vers le Sud, nous arrivâmes à Peitaiho ; cette fois je racontai 
        mes expériences à un groupe important de missionnaires. 
        Une impression profonde fut produite. Plusieurs missionnaires résolurent 
        de se réunir à des heures fixes pour prier jusqu'à 
        ce que Dieu envoyât à la Chine un Réveil comme celui 
        de la Corée.
En arrivant à Changthfu, 
        une lettre des missionnaires de Kikungshan m'attendait. Ils me demandaient 
        avec instance d'aller leur parler de ce que j'avais vu. Je le fis le dimanche 
        soir suivant. Je remarquai que j'avais considérablement dépassé 
        le temps si généreusement mis à ma disposition. Craignant 
        de finir trop tard, je supprimai le dernier cantique et prononçai 
        la bénédiction finale. A ma grande surprise, pendant au 
        moins six minutes, personne ne bougea. Un silence de mort régnait 
        dans la salle. Graduellement, des sanglots étouffés se firent 
        entendre. Des missionnaires se levèrent, et en versant d'abondantes 
        larmes, confessèrent leurs fautes les uns aux autres. Nous ne nous 
        séparâmes qu'à une heure très tardive.
Nous avions préparé 
        pour la semaine suivante une conférence avec un programme très 
        intéressant. Mais quand les missionnaires se rencontrèrent 
        le lundi matin, ils décidèrent de mettre ce programme de 
        côté et de continuer à prier et à suivre les 
        impulsions du Saint-Esprit.
Je n'ai jamais passé 
        avec nos frères missionnaires en Chine, des jours plus merveilleux. 
        Avant de nous séparer pour rejoindre nos champs d'activité 
        situés dans toutes les parties de la Chine, nous décidâmes 
        que chaque jour, à quatre heures de l'après-midi, nous serions 
        tous en prière, jusqu'à ce que la bénédiction 
        divine tombât sur l'Eglise chinoise.
CHAPITRE III
Le début du mouvement en 
        Mandchourie
Quand je partis en février 
        1908 pour mon long voyage en Mandchourie, j'y allai avec la conviction 
        que j'avais de la part de Dieu un message à transmettre à 
        son peuple. Mais je n'avais pas de méthode. Je ne savais pas comment 
        diriger un Réveil. Je ne pouvais faire une allocution et laisser 
        prier les gens, et c'était tout.
Le soir de mon arrivée 
        à Moukden, je causais, dans mon bureau avec mon hôte missionnaire. 
        Naturellement, j'étais tendu au plus haut point à la pensée 
        de ce qui m'attendait; mon hôte, au contraire, semblait spécialement 
        indifférent à la pensée d'un Réveil. Il choisit 
        ce soir-là, entre tous, pour m'impressionner par la supériorité 
        de ses vues théologiques. "Vous savez, Goforth, me dit-il, il y 
        a un terrible phraseur dans votre Mission. Comment s'appelle-t-il ? Mac... 
        ? " 
- " Est-ce Mac Kengie? demandai-je; 
        mais ce n'est pas possible, car il est loin d'être un phraseur. 
        Il est considéré comme un des meilleurs théologiens 
        de la Chine. " 
- "Non, me dit-il, ce n'est 
        pas Mac Kengie; oh, oui, je m'en souviens, c'est Mac Kay." 
- "Mais Mac Kay est notre 
        secrétaire, répliquai-je, et une de ses allocutions serait 
        appréciée par n'importe quel auditoire. "
- "Eh bien, dit-il, je l'ai 
        entendu à la conférence de Shangaï. Sa théologie, 
        mon cher, est aussi vieille que le déluge!
- "Arrêtons-nous, dis-je, 
        car ma théologie est aussi vieille que la sienne. De fait, elle 
        est aussi ancienne que le Tout-Puissant Lui-même! "
J'appris aussi que la femme 
        de mon hôte n'était pas en sympathie avec mes réunions, 
        et était partie en visite chez une de ses amies avant mon arrivée. 
        Je ne pus pas m'empêcher de penser que, si ce foyer était 
        un échantillon de ceux des autres missionnaires, les perspectives 
        d'un Réveil étaient bien lointaines.
D'autres désappointements 
        m'attendaient. Je n'avais accepté l'invitation qui m'avait été 
        faite l'année précédente, qu'à la condition 
        que les deux branches de l'Eglise Presbytérienne l'Irlandaise et 
        l'Ecossaise s'uniraient pour mes réunions, et que celles-ci se 
        seraient préparées par la prière.
Imaginez ma déception, 
        quand j'appris qu'aucune réunion supplémentaire de prières 
        n'avait eu lieu. La goutte qui fit déborder le vase et qui fit 
        chanceler ma foi déjà défaillante, fut d'apprendre 
        que les deux branches de l'Eglise presbytérienne ne s'étaient 
        pas unies. Je montai dans ma chambre; m'agenouillant près de mon 
        lit et incapable de retenir mes larmes, je criai à Dieu : "A quoi 
        bon ma venue? Ces gens ne te cherchent pas. Ils ne désirent aucune 
        bénédiction. Que puis-je faire?" Une voix me sembla me répondre 
        immédiatement : "Est-ce ton œuvre ou la mienne? Ne puis-je pas 
        agir en souverain? Invoque-moi, et je te répondrai; je t'annoncerai 
        de grandes choses, des choses cachées que tu ne connais pas" (Jérémie 
        33/3). 
De bonne heure le lendemain, 
        un des anciens vint me voir. Aussitôt qu'il fut seul avec moi, il 
        éclata en pleurs : "L'année des Boxers, me dit-il, j'étais 
        trésorier de l'Eglise. Les Boxers vinrent et détruisirent 
        tout, même les livres de comptes. Je savais donc que je pouvais 
        mentir sans danger. Je jurai que je n'avais jamais reçu certains 
        fonds qui m'avaient été confiés. Depuis, je me suis 
        servi de ces fonds pour mes affaires. Hier, pendant vos allocutions, j'étais 
        comme fouillé par une flamme. Je n'ai pas fermé l'œil de 
        la nuit. La seule chose qu'il me reste à faire pour me soulager, 
        c'est de confesser mon péché devant l'Eglise et de faire 
        pleine et entière restitution".
Après mon exhortation 
        ce matin-là, l'ancien se leva devant tous et mit à nu son 
        péché. L'effet fut instantané. Un autre membre poussa 
        un cri perçant, mais quelque chose sembla le retenir, et il se 
        tut sans rien confesser. Plusieurs alors prièrent successivement 
        et se confessèrent en pleurant.
Pendant toute la troisième 
        journée, le mouvement augmenta d'intensité. Mon hôte, 
        le missionnaire, me dit : "Ceci me stupéfie. Cela ressemble au 
        Réveil écossais de 1859. Ne pourriez-vous pas renoncer à 
        vos autres allocutions et commencer des services d'actions de grâce? 
        Si je comprends bien la situation, répondis-je, nous sommes encore 
        loin des actions de grâce. Il y a encore beaucoup de péchés 
        qui doivent venir à la lumière. Laissez-moi continuer mes 
        exhortations, et ensuite vous tiendrez tous les services d'actions de 
        grâce que vous voudrez."
Le quatrième matin, 
        un auditoire exceptionnellement nombreux envahit la salle. Les gens paraissaient 
        être dans une attente anxieuse. Pendant le chant qui précéda 
        mon allocution, une voix intérieure me dit : "Le succès 
        de ces réunions est phénoménal. Cela va te faire 
        une réputation extraordinaire, non seulement en Chine, mais dans 
        le monde entier." La chair en moi répondit, et un sentiment de 
        satisfaction m'envahit. Immédiatement, je sentis que c'était 
        l'adversaire qui était à l'œuvre de la façon la plus 
        subtile, en me suggérant de partager la gloire avec le Seigneur 
        Jésus. Combattant la tentation, je dis : "Satan, sache une fois 
        pour toutes que je suis prêt à devenir l'atome le plus insignifiant, 
        pourvu que mon Maître soit glorifié comme Il se doit." Le 
        cantique étant achevé, je me levai pour parler.
Pendant toute ma prédication, 
        je sentis avec intensité la présence de Dieu. En concluant 
        je dis à l'auditoire : "Maintenant, vous pouvez prier. " Immédiatement, 
        un homme s'avança jusque devant l'estrade, la tête basse, 
        le visage inondé de larmes. C'était l'ancien qui, deux jours 
        auparavant, avait poussé un cri perçant. Comme poussé 
        par une puissance incoercible, il s'écria : "J'ai commis adultère. 
        J'ai essayé trois fois d'empoisonner ma femme !" Il arracha alors 
        les bracelets d'or de ses poignets et la bague d'or qu'il avait à 
        son doigt, et les plaça dans le plateau de la collecte en disant 
        : "Qu'ai-je besoin de ces futilités?" Il prit sa carte d'ancien 
        et la mit en morceaux qu'il jeta sur le plancher. "Vous avez tous de mes 
        cartes chez vous, dit-il à l'auditoire Ayez la bonté de 
        les déchirer. J'ai profané ma charge sacrée, je donne 
        ma démission d'ancien."
Après cette confession 
        émouvante, personne ne bougea pendant plusieurs minutes. Puis, 
        l'un après l'autre, tous les anciens se levèrent et offrirent 
        leur démission. Le résumé de leurs confessions était 
        ceci : "Bien que nous n'ayons pas péché comme notre frère, 
        cependant nous sommes indignes, nous aussi, de conserver notre charge." 
        Les diacres, un par un, se levèrent, et donnèrent aussi 
        leur démission. "Nous aussi sommes indignes" confessèrent-ils.
Depuis plusieurs jours, j'avais 
        remarqué que le plancher, devant le pasteur indigène, était 
        souvent mouillé de larmes. Il se leva, et la voix brisée 
        nous dit : "Si l'Eglise est dans ce triste état, c'est que je n'ai 
        pas été ce qu'il aurait fallu. Je ne suis pas digne d'être 
        votre pasteur. Voilà ma démission."
Une scène des plus 
        touchantes suivit. De différents côtés des voix criaient 
        : "Non, non, cher pasteur, cela va bien. Nous vous réélisons." 
        Tout l'auditoire confirma ces paroles à grands cris, jusqu'à 
        ce qu'enfin le pauvre pénitent fut persuadé que son troupeau 
        lui rendait sa pleine confiance. L'auditoire réclama que les anciens 
        se levassent à leur tour, et un vote unanime leur rendit la confiance 
        de l'Eglise. Ce fut ensuite le tour des diacres. L'harmonie était 
        rétablie. Le même soir, l'ancien dont la confession avait 
        été suivie de fruits si merveilleux, fut vivement pris à 
        partie par un de ses amis. "Qui vous a obligé à vous avilir 
        publiquement, ainsi que votre famille?" lui demanda-t-il. Mais il répondit: 
        "Pouvais-je m'en empêcher ?"
Ce fut une grande joie pour 
        moi de voir le changement que l'attitude de mon hôte subit pendant 
        ces réunions. Un matin, tandis qu'on priait pour différentes 
        personnes, il se précipita en avant en disant : "Priez pour nous, 
        les missionnaires, nous en avons plus besoin que n'importe qui." Sa femme, 
        si indifférente, revint de chez son amie plusieurs jours avant 
        la fin de la campagne. Ce n'était pas trop tard, son cœur fut touché, 
        et elle devint plus consacrée même que son mari.
Le dernier jour, le pasteur 
        indigène dit à ses gens : "Vous savez combien de nos anciens 
        et de nos membres ont rétrogradé. Oh ! s'il y avait moyen 
        de les ramener !" A ces mots l'auditoire se leva comme un seul homme et 
        tous s'unirent pour prier en faveur des brebis égarées. 
        On pria comme si ces âmes étaient celles auxquelles on tenait 
        le plus au monde, comme une mère prierait pour son fils prodigue. 
        Au cours de cette même année, des centaines de rétrogrades 
        revinrent au bercail. La plupart confessèrent qu'ils ne pensaient 
        pas avoir jamais été convertis auparavant.
Un des anciens de l'Eglise 
        de Liaoyang, peu avant mon arrivée, avait déménagé 
        un dimanche. Le missionnaire était allé le voir, et l'avait 
        repris pour avoir donné aux fidèles un si mauvais exemple. 
        L'ancien s'était mis en colère, affirmant qu'il n'avait 
        eu que le dimanche pour faire son déménagement. Le matin 
        du second jour de ma série de réunions, il s'effondra devant 
        tous et confessa son péché. Il aurait eu bien le temps de 
        déménager pendant la semaine, mais il avait voulu mettre 
        à profit le dimanche. Peu après mon départ, cet ancien 
        tint des réunions pour les élèves du lycée 
        et obtint d'extraordinaires résultats. Après la confession 
        de cet ancien, le deuxième jour, la pression du Saint-Esprit augmenta 
        rapidement. Un matin, le cinquième jour, un vieux rétrograde 
        s'écria angoissé : "Je l'ai tué !" Il confessa son 
        péché. Il était brouillé à mort avec 
        un de ses voisins. Celui-ci étant tombé malade, notre rétrograde, 
        qui était médecin, fut appelé pour lui ordonner un 
        remède. Il lui ordonna du poison qui le tua. L'effet de cette révélation 
        peut plus facilement s'imaginer que se décrire. En quelques minutes, 
        l'assemblée entière semblait être les affres du jugement. 
        De tous côtés partaient des confessions et des demandes de 
        pardon.
En revenant à la maison, 
        après la dernière réunion, Monsieur Douglas, le missionnaire 
        principal, me dit : "Je suis courbé dans la poussière. C'est 
        le Réveil écossais de 1859, qui se reproduit sous mes yeux. 
        Je n'y étais pas, mais mon père m'en a souvent parlé. 
        Il m'a raconté que les gens travaillaient tout le jour aux champs, 
        rentraient en hâte pour manger un morceau et repartaient à 
        l'Eglise où ils restaient jusqu'à minuit. Mais ma faible 
        foi ne me permettait pas de m'attendre, ici, à quelque chose de 
        semblable". Il me tendit une lettre qu'il avait reçue depuis plusieurs 
        semaines, du docteur Moffat, pasteur en Corée : "Je veux que vous 
        sachiez, écrivait-il, que pendant toute la série à 
        Liaoyang, mes fidèles, qui sont trois mille, prieront pour que 
        les plus riches bénédictions vous soient accordées".
Le Réveil de Liaoyang 
        fut le début d'un mouvement qui se propagea dans tout le pays environnant. 
        Des groupes de chrétiens réveillés annonçaient 
        ici et là l'Evangile rédempteur. Dans une des annexes, un 
        chrétien avait un fils de très mauvaise réputation. 
        Après la réunion tenue par un de ces groupes, son cœur fut 
        brisé, il se confessa et se convertit. Cela eut un effet remarquable 
        dans le village. Des païens se disaient entre eux : "Le Dieu des 
        chrétiens est venu. Il est même venu chez ce mauvais garnement 
        et a chassé de lui toute sa méchanceté. Il est maintenant 
        comme les autres chrétiens. Si vous ne voulez pas aller dans la 
        même voie, ne vous approchez pas d'eux".
Dans ce même village 
        vivait un chrétien qui, bien des années auparavant, avait 
        emprunté à un de ses voisins païens une somme considérable. 
        Il n'avait nullement l'intention, avoua-t-il plus tard, de rembourser. 
        Mais un des résultats du travail d'un de ces groupes de réveil 
        fut la repentance de cet homme. Il calcula les intérêts composés 
        de sa dette, alla chez son créancier et lui paya tout.
Dans un autre village de 
        la même région, il y avait un homme renommé pour sa 
        chance phénoménale au jeu. Un jour, cet homme sella son 
        âne et partit pour aller réclamer de l'argent que quelques 
        personnes lui devaient. Il était à peine arrivé à 
        la lisière du village que l'âne s'arrêta. Le joueur 
        le frappa à coups de bâton, à coups de pied; l'âne 
        ne bougea pas. Il ne voulait pas aller vers le nord! L'homme réfléchit 
        que, vers le sud, il avait aussi des débiteurs. Il fit tourner 
        son âne qui se mit en route sans résistance. Tout alla bien 
        jusqu'au croisement de deux routes dont l'une allait au Sud-Est et l'autre 
        au Sud-Ouest. Le joueur avait l'intention de se rendre dans un village 
        du Sud-Ouest et c'est sur la route qui y mène qu'il voulut faire 
        avancer son âne. Mais la bête en avait décidé 
        autrement. Le maître comprit que, pour qu'il bougeât, il fallait 
        prendre la route du Sud-Est, car ni les cris, ni les coups ne le faisaient 
        bouger. "Après tout, fais à ta tête, dit l'homme excédé, 
        du reste, si je ne me trompe, il y a justement quelqu'un qui me doit de 
        l'argent par là !" Ils continuèrent leur route. Ils arrivèrent 
        dans un village. Ils longèrent la grande rue jusqu'à ce 
        qu'ils arrivassent devant une petite église chrétienne. 
        L'âne alors s'arrêta, et aucun effort de son maître 
        ne put le faire avancer. En désespoir de cause, le joueur mit pied 
        à terre. Quelques chrétiens qui avaient été 
        aux réunions de Liaoyang avaient justement une assemblée 
        à ce moment-là. Le joueur entendit des chants. Poussé 
        par la curiosité, il entra. La puissance de Dieu était à 
        l'œuvre. Il entendit un homme confesser ses péchés avec 
        larmes. Un autre, la figure rayonnante parla de la paix et de la joie 
        qui remplissaient son cœur. Bientôt, la conviction du péché 
        entra dans ce joueur. Il se leva, confessa ses fautes et raconta comment 
        Dieu l'avait amené dans la salle : "Comment pourrais-je ne pas 
        croire, s'écria-t-il, que c'est la voix de Dieu ?"
Conclusion :
Les conditions indispensables du 
        Réveil
Un missionnaire me dit un 
        jour, comme en guise d'excuse : "J'ai toujours désiré un 
        Réveil, mais ma station est si loin de tout, que je n'ai jamais 
        pu y faire venir un évangéliste". Comme si l'Esprit de Dieu 
        n'agissait que par quelques privilégiés! Nous sommes convaincus, 
        nous l'affirmons avec pleine conviction, que le Réveil peut avoir 
        quand et où nous voulons. Ce prince des évangélistes, 
        Finney, croyait que tout groupe de chrétiens qui fait de cœur et 
        sans réserve la volonté de Dieu, pouvait avoir un Réveil. 
        Moody affirmait constamment que la Pentecôte n'était que 
        le spécimen de ce que voulait faire l'Esprit.
J'espère que de la 
        lecture de ces pages, le lecteur ne conclura pas que l'Orient est mieux 
        prédisposé au Réveil que les autres parties du monde; 
        ce serait un grave malentendu. Nous avons vu, dans nos propres pays, des 
        auditoires remués, exactement comme ceux de la Chine. Il est vrai 
        que cela prend généralement plus de temps. Mais qu'il y 
        faille un jour ou une quinzaine, le principe est le même : n'importe 
        quel groupe de chrétiens qui le désire peut recevoir la 
        pleine bénédiction de la Pentecôte.
En lisant la Parole de Dieu, 
        il nous semble inconcevable que le Saint-Esprit veuille retarder son oeuvre 
        d'un jour. Nous pouvons être sûrs que, quand il ne peut pas 
        déployer sa puissance, c'est toujours parce que l'homme n'a ni 
        la foi, ni l'obéissance voulues. Si Dieu le Saint-Esprit ne glorifie 
        pas Jésus dans le monde aujourd'hui, comme à la Pentecôte, 
        c'est nous qui sommes à blâmer. Après tout, qu'est-ce 
        que le Réveil, sinon l'Esprit de Dieu possédant absolument 
        notre vie? Le Réveil est donc toujours possible quand l'homme se 
        donne entièrement à Dieu. La résistance au Saint-Esprit 
        est le seul péché qui puisse empêcher le Réveil.
Mais sommes-nous prêts 
        à recevoir le Saint-Esprit? Apprécions-nous à leur 
        valeur et le don et le donateur? Voulez-vous payer le prix d'un Réveil 
        par le Saint-Esprit? Prenez la prière, par exemple. L'histoire 
        des Réveils montre que tous ont été déclenchés 
        par la prière. Cependant n'est-ce pas justement là que beaucoup 
        d'entre nous tremblent et hésitent devant le prix à payer? 
        La Bible ne nous dit pas grand chose de ce qui s'est passé dans 
        la Chambre haute entre l'Ascension et la Pentecôte; mais nous sommes 
        certains que les disciples étaient avares des minutes qu'ils ne 
        passaient pas à genoux.
Que d'interdits, de scories, 
        de déchets à faire disparaître!
Le miracle de la Pentecôte 
        fut la meilleure preuve de l'œuvre de purification qui s'était 
        faite dans la Chambre haute. Nous savons que toutes les effusions du Saint-Esprit 
        ont toujours été étroitement liées à 
        la prière. "Quand ils eurent prié", nous dit Luc, "le lieu 
        où ils étaient assemblés trembla; ils furent tous 
        remplis du Saint-Esprit" (Actes 4/31).
Les grands mouvements de 
        la Réforme ont été en grande partie les résultats 
        de la prière. On dit de Luther qu'il obtenait de Dieu, en priant, 
        tout ce qu'il voulait. Marie Stuart craignait plus les prières 
        de John Knox que toutes les armées de la reine Elizabeth. L'œuvre 
        magnifique du Saint-Esprit, qui transforma chez les Moraves, en 1727, 
        toutes les discordes en un grand amour, fit d'eux la plus grande force 
        missionnaire du monde. Cette œuvre eut sa source dans la prière. 
        "Y a-t-il jamais eu dans l'histoire de l'Eglise, écrit l'évêque 
        Hasse, une réunion de prière qui ait duré cent ans? 
        Les Moraves la commencèrent à Herrnhute en 1727; ils l'appelèrent 
        l'intercession d'une heure. Se relayant jour et nuit, un frère 
        ou une sœur était toujours en prière. L'objet principal 
        de ces requêtes était l'œuvre de Dieu par l'Eglise. La prière 
        mène l'action. Dans ce cas-là, elle créa un désir 
        ardent, chez les Moraves, de porter le salut de Christ aux païens. 
        Ce fut le commencement des missions modernes. De l'Eglise d'un petit village, 
        il sortit, en vingt-cinq ans, plus de cent missionnaires. Nous ne trouverons 
        nulle part et à aucune époque, aucun mouvement qui égale 
        celui-là" (1) [John Greenfield : Power from on High, pp. 
        25, 26.]
Mais, pourquoi le mouvement 
        morave n'aurait-il pas aujourd'hui sa contrepartie? Pouvons-nous concevoir 
        que l'Esprit de Dieu se lasse? Nous pouvons être sûrs que 
        la bénédiction nous attend, si nous consentons seulement 
        à nous agenouiller et à la recevoir.
Le trait le plus saillant 
        du Réveil wesleyen, ce fut l'accent que ses chefs mirent sur la 
        prière. Leur habitude était de prier chaque matin de 4 à 
        5 heures et de 5 à 6 heures le soir. De grands croyants, William 
        Bramwell par exemple, passaient la moitié de la nuit en prière, 
        puis parcouraient une région, brûlants comme une flamme de 
        feu! Si seulement les millions de Méthodistes d'aujourd'hui donnaient 
        à la prière la valeur que lui donnaient leurs grands ancêtres, 
        quels miracles ne se produiraient-ils pas!
Finney comptait plus, pour 
        produire le Réveil, sur les prières de Nash et de Clary 
        que sur sa propre irrésistible logique. Nous sommes si habitués 
        à l'état laodicéen de l'Eglise que l'influence toute-puissante 
        de la prière, au temps de Finney, nous stupéfie. Pensez 
        un peu : quarante pasteurs et missionnaires furent appelés par 
        Dieu, et envoyés dans son champ, comme résultat des prières 
        faites pendant un Réveil dans l'Ecole supérieure de Rochester! 
        En 1857, Finney voyait cinquante mille âmes par semaine se décider 
        à se donner à Dieu. Dans beaucoup de villes, on ne trouvait 
        pas d'assez grande salle pour y tenir les réunions de prière. 
        Ce fut alors que commença celle de Fulton Street, à New-York, 
        dans une salle annexe d'une église. En quelques semaines, l'église 
        elle-même était devenue trop petite, et le surplus des auditeurs 
        remplit d'autres églises voisines.
En 1858, Spurgeon réunit 
        sa grande congrégation et lui dit : "L'Esprit de Dieu sauve en 
        ce moment des multitudes d'âmes aux Etats-Unis. Comme Dieu ne fait 
        acception de personnes, nous allons lui demander les mêmes bénédictions 
        ici". La réponse, ce fut le Réveil de 1859.
M. Moody, assure-t-on, n'acceptait 
        pas d'invitation à tenir une série de réunions, sans 
        faire promettre qu'elle serait préparée par la prière. 
        Au Sud du Pays de Galles, peu avant le grand Réveil de 1904, trois 
        cents réunions de prière avaient été fondées. 
        En fait, le Pays de Galles tout entier devint comme une immense réunion 
        de prière. Le résultat fut qu'en deux mois, soixante-dix 
        mille âmes s'étaient tournées vers Dieu.
A Calcutta, en 1902, deux 
        missionnaires avaient entendu le docteur Torrey parler sur la prière. 
        Elles en furent si frappées qu'en rentrant auprès de leurs 
        paroissiens à Khassa, leur grand sujet fut la prière. Le 
        résultat ne se fit pas attendre : au printemps de 1905, les Khassiens 
        priaient tous. Le Réveil était inévitable. En quelques 
        mois, huit mille convertis furent ajoutés à l'Eglise, dans 
        cette partie de l'Inde.
Dans un de nos premiers chapitres, 
        nous avons raconté comment le grand Réveil en Corée, 
        en 1907, fut le fruit de la prière. Nous sommes convaincus aussi 
        que l'origine de tous les Réveils dont nous avons été 
        témoins en Chine fut: la prière.
Après une série 
        de réunions spécialement émouvantes, un missionnaire 
        me dit : "Si le Seigneur a tant accordé à nos prières, 
        quoi qu'elles aient été si peu nombreuses, que n'aurions-nous 
        pas obtenu, si nous avions prié davantage ?"
"Quel est le secret du Réveil? 
        " demandait-on à un grand évangéliste. "Il n'yen 
        a pas, répondit-il, il vient toujours en réponse à 
        la prière".
Nous affirmons aussi que 
        nous ne pouvons pas compter sur un Réveil général, 
        encerclant le globe entier par le Saint-Esprit, à moins de revenir 
        tout d'abord à la Bible. Les doutes émis sur la Parole de 
        Dieu déshonorent absolument son auteur. Quelle douleur doit être 
        la sienne, quand il voit si peu estimé par les hommes le Livre 
        qui seul rend témoignage à son Fils!
Si la Bible n'est pas pour 
        nous, en toute sincérité, la Parole même de Dieu, 
        nos prières ne sont que moquerie et dérision. Il n'y a jamais 
        eu de Réveil là où n'existaient pas des hommes et 
        des femmes croyant de tout leur cœur à la Parole de leur Dieu et 
        s'appuyant sur ses promesses.
L'épée de l'Esprit 
        qui est la Parole de Dieu, est la seule arme qui ait jamais été 
        utilisée avec puissance dans le Réveil. La Parole de Dieu 
        est toujours, pour celui qui croit en ce qu'elle dit sur elle-même, 
        une épée, un feu, un marteau qui brise le roc.
Dès que Luther eut 
        traduit la Bible en allemand, l'Allemagne fut perdue pour Rome. Moody 
        n'avait pas beaucoup d'instruction, mais il connaissait sa Bible, et il 
        est certain que le monde n'a jamais connu et ne connaîtra peut-être 
        jamais son égal comme gagneur d'âmes.
Lorsque j'étais étudiant, 
        à Toronto, ma seule arme dans les prisons et les bas-fonds que 
        je visitais, était la Bible. En Chine, j'ai souvent fait trente-cinq 
        à quarante allocutions par semaine, qui n'étaient, somme 
        toute, que des paraphrases de la Parole de Dieu. Je puis affirmer que 
        pendant mes quarante et un ans de ministère, je ne me suis jamais 
        adressé à un auditoire de Chinois sans avoir la Bible ouverte 
        devant moi; cela me permettait d'affirmer : "Ainsi dit l'Eternel". Croyant 
        que la simple prédication de l'Evangile suffisait pour amener des 
        âmes à Christ, j'ai toujours agi en conséquence. Je 
        n'ai jamais été déçu. Mon collègue 
        chinois, un des hommes les plus consacrés que j'aie jamais connus, 
        fut sauvé d'une vie de péché et de vices par la première 
        allocution sur l'Evangile qu'il m'entendit prononcer.
Ce que je regrette le plus, 
        en atteignant mes soixante-dix ans, c'est de ne pas avoir consacré 
        plus de temps à l'étude de la Bible. Cependant, en moins 
        de dix-neuf ans, j'ai lu tout le Nouveau Testament chinois cinquante-cinq 
        fois. Cet éminent professeur de la Bible, le docteur Campbell-Morgan, 
        déclare qu'il n'a jamais osé professer sur un livre de la 
        Bible, avant de l'avoir lu au moins cinquante fois.
Il y a quelques années, 
        un Monsieur qui était .à la Convention de Keswick y prit 
        un tel amour pour la BIble, qu'il la lut ensuite douze fois en trois ans. 
        Vous pensez peut-être que c'était un homme de loisir? Nullement, 
        c'était un ouvrier qui partait chaque matin à 5 h 30 pour 
        son usine.
La Bible n'était pas 
        aussi négligée qu'aujourd'hui, quand les grands Réveils 
        de 1857-59 éclatèrent en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. 
        Elle n'était pas si abandonnée au temps de Moody. Les lettrés 
        chinois, sous la dynastie mandchoue, devaient savoir par cœur leurs grands 
        classiques. Comment les lettrés des pays soi-disant chrétiens 
        traitent-ils le plus grand des classiques?
Il est tragique de voir combien 
        peu les représentants du Seigneur Jésus en Chine connaissent 
        Sa Parole. Il y a trente ans, l'idéal d'un missionnaire était 
        de connaître assez sa Bible pour ne pas avoir besoin de transporter 
        avec lui sa Concordance. L'indifférence pour la Parole de Dieu, 
        que professent actuellement beaucoup de missionnaires, viendrait-elle 
        de ce qu'ils ont découvert un meilleur moyen de répondre 
        aux besoins spirituels d'un monde pécheur ?
Enfin, la grande raison du 
        Réveil doit être le désir d'exalter dans nos cœurs 
        Jésus-Christ comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Le Christ 
        est pareil au Mont Everest, qui domine l'immense plaine. Si nous voulons 
        qu'Il habite en nous, il faut qu'Il prenne toute la place. Toute idole 
        doit être détruite; Isaac, le bien-aimé, doit être 
        placé sur l'autel. Il faut refuser au moi jusqu'à la moindre 
        satisfaction. C'est alors seulement que nous pourrons voir s'ouvrir devant 
        nous les plus vastes horizons.
On raconte que Mahmoud, le 
        grand conquérant mahométan, détruisit au fur et à 
        mesure de ses victoires dans le nord de l'Inde, toutes les idoles qu'il 
        rencontrait sur son chemin. Il arriva dans la ville de Guggeratt, qui 
        contenait une idole vénérée tout spécialement 
        par les habitants. Les notables vinrent trouver le vainqueur et le supplièrent 
        d'épargner au moins ce dieu-là. Ils lui abandonnaient tous 
        les autres, mais si Mahmoud détruisait celui-là, ils préféraient 
        mourir!
Ils plaidèrent leur 
        cause avec une telle intensité que, pendant un instant, le cœur 
        du général fléchit. Il lui semblait par trop cruel 
        de priver ces pauvres gens de ce qu'ils aimaient mieux que la vie; mais 
        il se souvint qu'il avait fait serment de détruire toutes les idoles. 
        La volonté d'Allah était absolue. Il se fit apporter un 
        marteau, et d'un coup terrible fendit l'idole en deux. A sa stupéfaction, 
        il en sortit tout un flot de bijoux et de pierres précieuses. Les 
        habitants de la ville en avaient fait une cachette, et ils espéraient 
        que le vainqueur, en leur laissant l'idole, leur permettrait, à 
        son insu, de sauver leurs richesses. Voyez la perte qu'aurait subie le 
        vainqueur, s'il l'avait épargnée!
Y eut-il jamais une occasion 
        pareille à celle qui fut donnée aux conducteurs spirituels 
        de nos Eglises, à la conférence d'Edimbourg en 1910, d'abandonner 
        leurs idoles ecclésiastiques et d'entrer en contact avec les richesses 
        insondables du Christ? Il n'y a jamais eu dans les temps modernes, une 
        réunion ecclésiastique qui ait suscité plus d'espoirs. 
        Des leaders religieux étaient venus de toutes les parties du monde. 
        Plusieurs espéraient qu'une ère nouvelle allait s'ouvrir 
        pour les Missions. Le sujet du dernier jour était : "La Base de 
        l'arrière (The Home Base". Ce sujet faisait naître la vision 
        de magnifiques possibilités. Les Eglises des pays chrétiens, 
        fortifiées par le Saint-Esprit, allaient envoyer des hommes qualifiés 
        comme Paul et Barnabas. Avec de telles énormes ressources en argent 
        et en vocations, le monde allait être évangélisé 
        au cours d'une génération.
Hélas! ce n'était 
        qu'un rêve. Je n'ai jamais éprouvé une plus vive déception 
        que ce jour-là! De tous ceux qui parlèrent à cette 
        grande réunion, trois seulement mirent l'accent sur le Saint-Esprit 
        comme étant le grand facteur de l'évangélisation 
        du monde. A écouter les discours prononcés ce jour-là, 
        on était obligé de conclure, que pour donner l'Evangile 
        aux païens, il suffisait d'avoir une meilleure organisation, des 
        moyens matériels plus perfectionnés, un plus grand nombre 
        de vocations masculines et féminines. Il y avait pourtant des symptômes, 
        dans cette assemblée, qui faisaient prévoir que quelques 
        étincelles de plus auraient suffi pour produire une explosion. 
        Mais non! Il en aurait trop coûté de mettre à bas 
        l'idole ecclésiastique!
Frères, l'Esprit de 
        Dieu est toujours avec nous. La Pentecôte est à notre portée. 
        Si le Réveil nous est refusé, c'est qu'une idole est encore 
        adorée en cachette; c'est que nous mettons notre confiance dans 
        les plans humains. Nous nous refusons à croire cette vérité 
        immuable : "Ce n'est ni par la puissance, 
        ni par la force, mais c'est par MON ESPRIT, dit l'ETERNEL DES ARMEES" 
        (Zacharie 4/6).
Référence: 
         Par Mon Esprit, Jonathan Goforth - 
        Editions Viens et Vois

