lundi 5 juin 2017

L'espérance par Michael Harper

L'Espérance : c'est un des mots les plus importants du Nouveau Testament, mais aussi l'un des plus négligés et des plus méconnus. Beaucoup n'y voient que l'espérance chrétienne suprême, le retour du Christ (Tite 3.7). Pour d'autres, c'est un synonyme de souhait et « je l'espère » exprime un souhait que nous ne sommes pas du tout sûrs qu'il se réalisera. Le mot est bien plus riche dans le Nouveau Testament, car, avant le retour glorieux de Jésus, vont se réaliser bien des événements qui relèvent de l'espérance chrétienne. L'espérance n'implique aucun doute. Elle porte sur des faits qui ne sont pas encore accomplis mais qui le seront à l'heure de Dieu. Dans le Nouveau Testament, elle est souvent liée à la foi, avec cette différence que celle-ci est pour aujourd'hui et celle-là pour demain ; mais elle n'en est pas moins certaine, comme le souligne l'épître aux Hébreux qui les associe étroitement : « la foi et la garantie des choses qu'on espère… ». La foi prend et reçoit ce qui a été promis ou ce que l'on espère… tel un bulldozer, elle gagne continuellement du terrain. Ce que le conducteur peut voir de sa cabine –le chemin à suivre, le terrain à conquérir– est du domaine de l'espérance ; dès que la pelle mécanique se met à l'ouvrage, on passe au domaine de la foi (...)


Il est bon de voir des chrétiens vivre plus nombreux dans une telle foi qui revendique et qui reçoit les promesses de Dieu. Mais il faut être aussi capable de voir au-delà de la foi pour être sûr d'avancer dans la bonne direction. On pourrait ici parler de vision. Les Proverbes nous le disent : « sans vision, le peuple périt (29. 18) ». Trop souvent et trop facilement, nous allons à l'aventure : sans vision nous ne savons pas où nous allons, sans espérance nous ne prions pas en vue d'arriver sains et saufs.

Chaque église doit retrouver la notion d'espérance, au véritable sens du mot. Nous avons besoin de voir où Dieu veut conduire son peuple et quels sont ses objectifs derniers. Il faudrait toujours considérer l'église locale comme un corps –véritable corps du Christ–agissant par tous ses membres avec puissance, en un plein et entier ministère, un corps dont toutes les composantes s'édifieraient et fonctionneraient dans l'amour et qui, en même temps, manifesterait au monde la puissance et la compassion qui furent celles du Christ sur la terre. Il ne s'agit pas là de quelque chose de flou que nous ne verrons pas se réaliser, mais d'une réalité qui s'accomplit peu à peu sous nos yeux mêmes s'il nous faut patienter quelques temps. On perd espoir trop facilement, très souvent parce qu'il n'y a pas eu, à l'origine, une vision donnée par Dieu.

Un double danger menace l'Eglise aujourd'hui. L'un consiste à tout situer dans le domaine de l'espérance, en des termes souvent très vagues et peu réalistes, ce qui est d'une façon commode de fuir les exigences inconfortables d'une foi qui croit la puissance de Dieu capable de changer les gens et les circonstances. L'autre danger consiste à n'avancer qu'au jour le jour. Il n'y a pas d'autre façon de vivre, mais nous sommes pourtant invités à voir  plus loin que le bout de notre nez ! Il est une sorte de christianisme bon marché qui vit de miracles instantanés et de succès immédiat, d'un Évangile au rabais, peu exigeant. Dans ce cas, la patience est une vertu totalement inutile. Il faut aux chrétiens des lunettes à double foyer. D'abord, pour voir les objets rapprochés et laisser ainsi la foi agir dans les circonstances quotidiennes de la vie ; ensuite, pour s'occuper des objets éloignés et voir au-delà du moment présent. Ils auront ainsi la même assurance, qu'il s'agisse du présent immédiat ou de l'avenir lointain.

Michael Harper, Nouveau Style de Vie dans l'Eglise

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