" …
Regardant à Jésus … "
(Hébreux
12:2)
Trois mots
seulement, mais en trois mots c’est tout le secret de la vie.
Regardant
à Jésus
dans l’Ecriture,
pour y apprendre ce qu’Il est, ce qu’Il a fait, ce qu’Il donne, ce qu’Il
demande ; pour trouver dans Son caractère notre modèle,
dans Ses enseignements notre instruction, dans Ses préceptes notre
loi, dans Ses promesses notre appui, dans Sa personne et dans Son oeuvre
une pleine satisfaction offerte à tous les besoins de nos âmes.
Regardant
à Jésus
crucifié,
pour trouver dans Son sang répandu notre rançon, notre pardon,
notre paix.
Regardant
à Jésus
ressuscité,
pour trouver en Lui la justice qui seule nous justifie, et nous permet,
tout indignes que nous sommes, de nous approcher avec assurance en Son
nom, de Celui qui est Son Père et notre Père, Son Dieu et
notre Dieu.
Regardant
à Jésus
glorifié,
pour trouver en Lui notre céleste avocat, complétant par
Son intercession l’œuvre de Sa miséricorde et de notre salut, comparaissant
maintenant même pour nous devant la face de Dieu, souverain sacrificateur,
victime sans tache, purifiant incessamment l’iniquité de nos saintes
offrandes.
Regardant
à Jésus
révélé
par le Saint-Esprit, pour trouver dans Sa communion constante la purification
de nos cœurs souillés, l’illumination de nos esprits obscurcis,
la transformation de nos volontés rebelles ; pour être
rendus capables de triompher de tous les assauts du monde et du malin,
résistant à la violence par Jésus notre force, déjouant
leur ruse par Jésus notre sagesse ; soutenus par la sympathie
de Dieu, à qui aucune tentation n’a été épargnée,
et par le secours de Jésus, qui n’a succombé à aucune.
Regardant
à Jésus
qui donne
la repentance aussi bien que la rémission des péchés,
pour qu’Il nous fasse la grâce de connaître, de déplorer,
de confesser et de délaisser nos transgressions.
Regardant
à Jésus
pour recevoir
de Lui la tâche et la croix de chaque jour, avec la grâce
qui suffit pour porter la croix et accomplir la tâche ; patients
de Sa patience, actifs de Son activité, aimants de Son amour ;
demandant, non point : " Que puis-je ? "
mais : " Que ne peut-Il pas ? " et nous
attendant à Sa vertu, qui se déploie tout entière
dans l’infirmité.
Regardant
à Jésus
pour sortir
de nous-mêmes et nous oublier ; pour que nos ténèbres
se dissipent à la clarté de Sa face ; pour que nos
joies soient saintes et que nous douleurs soient sereine ; pour qu’Il
nous humilie et qu’Il nous élève, pour qu’Il nous nous afflige
et qu’Il nous console, pour qu’Il nous dépouille et qu’Il nous
enrichisse ; pour qu’Il nous enseigne à prier et qu’Il réponde
à nos prières ; pour que, tout en nous laissant dans
le monde, Il nous en sépare, notre vie étant cachée
avec Lui en Dieu, et notre conduite Lui rendant témoignage devant
les hommes.
Regardant
à Jésus
qui, rentré
dans la maison de son Père, s’occupe à nous y préparer
une place, pour que cette bienheureuse perspective nous fasse vivre dans
l’espérance et nous prépare à mourir dans la paix,
quand viendra le jour de rencontrer ce dernier ennemi qu’Il a vaincu pour
nous, que nous vaincrons par Lui, - naguère le roi des épouvantements,
aujourd’hui le messager de la félicité éternelle.
Regardant
à Jésus
dont le
retour certain, à une époque incertaine, est de siècle
en siècle l’attente et l’espoir de l’Eglise fidèle, qui
s’encourage à la patience, à la vigilance et à la
joie par la pensée que le Seigneur est proche.
Regardant
à Jésus
le Chef
et le Consommateur de la foi, c’est-à-dire Celui qui en est
le modèle et la source, comme Il en est l’objet, et qui, du premier
pas jusqu’au dernier, marche à la tête des croyants ;
afin que par Lui notre foi soit inspirée, encouragée, soutenue,
amenée à sa consommation suprême.
Regardant
à Jésus
et à rien d’autre,
comme le dit notre texte en un seul mot intraduisible (‘Ajorwntez), qui
nous prescrit à la fois de fixer nos regards sur Lui et de les
détourner de tout le reste.
A Jésus,
et non point à
nous-mêmes, à nos pensées, à nos raisonnements,
à nos imaginations, à nos goûts, à nos désirs,
à nos projets ; -
A Jésus,
et non point au monde,
à ses convoitises, à ses exemples, à ses maximes,
à ses jugements ; -
A Jésus,
et non
point à Satan, soit qu’il cherche à nous effrayer par
ses fureurs ou à nous séduire par ses flatteries. – Oh !
combien nous nous épargnerons de questions inutiles, de scrupules
inquiets, de temps perdu, de dangereux pourparlers avec le mal, de dissipation
d’esprit, de vains rêves, de désappointements amers, de luttes
douloureuses, de chutes lamentables, en regardant tout droit à
Jésus et Le suivant partout où Il nous mènera, trop
soucieux de ne pas perdre de vue le sentier qu’Il nous trace pour donner
même un coup d’œil à ceux où Il ne juge pas à
propos de nous conduire.
A Jésus,
et non
point à nos systèmes, si évangéliques
qu’ils puissent être. La foi qui sauve, qui sanctifie et qui console,
ce n’est pas l’assentiment à la doctrine du salut, c’est l’attachement
à la personne du Sauveur. "Il ne suffit pas, disait Adolphe
Monod, de savoir Jésus-Christ, il faut avoir Jésus-Christ " ;
à quoi l’on peut ajouter que nul ne Le connaît véritablement
si d’abord il ne Le possède. Selon la parole profonde du disciple
bien-aimé, c’est dans la vie qu’est la lumière, et c’est
en Jésus qu’est la vie .
A Jésus,
et non
point à nos méditations et à nos prières,
à nos conversations pieuses et à nos lectures édifiantes,
aux saintes assemblées que nous fréquentons, ni même
à notre participation à la cène du Seigneur ;
usons fidèlement de tous ces moyens de grâce, mais sans les
confondre avec la Grâce elle-même, et sans détourner
notre regard de Celui qui seul les rend efficaces, quand, par leur intermédiaire,
Il se communique Lui-même à nous.
A Jésus,
et non
point à notre position dans l’Eglise chrétienne, à
la famille à laquelle nous appartenons, à notre baptême,
à l’éducation que nous avons reçue, à la doctrine
que nous professons, à l’idée que d’autres se font de notre
piété ou à celle que nous nous en faisons nous-mêmes.
Plusieurs de ceux qui auront prophétisé au nom de Jésus
L’entendront un jour leur dire : " Je ne vous ai jamais
connus " ; mais Il confessera devant Son Père et
devant Ses anges jusqu’au plus humble de ceux qui auront regardé
à Lui.
A Jésus,
et non
point à nos frères, non pas même aux meilleurs
d’entre eux et aux plus aimés. En suivant un homme, nous courons
le risque de nous égarer ; en suivant Jésus, nous sommes
certains de ne nous égarer jamais. D’ailleurs, à mettre
un homme entre Jésus et nous, il arrive qu’insensiblement l’homme
grandit et Jésus diminue ; bientôt nous ne savons plus
trouver Jésus quand nous ne pouvons pas trouver l’homme, et si
celui-ci vient à nous manquer, tout nous manque ; au contraire,
si Jésus se tient entre nous et notre plus intime ami, notre attachement
à l’homme sera tout ensemble moins direct et plus profond, moins
passionné et plus doux, moins nécessaire et plus utile,
instrument de riches bénédictions entre les mains de Dieu
lorsqu’Il Lui plaira de s’en servir, et dont l’absence nous sera une bénédiction
encore, lorsqu’il Lui plaira de s’en dispenser, pour nous rapprocher d’autant
plus du seul ami dont ne nous puissent séparer " ni la
mort ni la vie ".
A Jésus,
et non
point à Ses ennemis et aux nôtre. Au lieu de les haïr
et de les redouter, nous saurons alors les aimer et les vaincre.
A Jésus,
et non
point aux obstacles qui se rencontrent sur notre chemin. Dès
que nous nous arrêtons à les considérer, ils nous
étonnent, nous ébranlent, nous abattent, incapables que
nous sommes de comprendre soit la raison pour laquelle ils sont permis,
soit le moyen par lequel nous les pourrons surmonter. L’apôtre fut
englouti sitôt qu’il se prit à regarder aux vagues agitées
par la tempête ; c’est tandis qu’il regardait à Jésus
qu’il marcha sur les flots comme sur un rocher. Plus notre tâche
est difficile, plus nos tentations sont redoutables, plus il importe que
nous regardions uniquement à Jésus.
A Jésus,
et non
point à nos afflictions, pour en calculer le nombre, pour en
estimer le poids, pour trouver peut-être je ne sais quelle étrange
satisfaction à en savourer l’amertume. Hors de Jésus, l’affliction
ne sanctifie pas, elle endurcit ou elle écrase. Elle produit, non
la patience, mais la révolte ; non la sympathie, mais l’égoïsme,
non l’espérance, mais le désespoir. C’est seulement à
l’ombre de Sa croix que nous pouvons apprécier la juste mesure
de la nôtre, l’accepter chaque jour de Sa main, la porter avec amour,
avec actions de grâces, avec joie, y trouver pour nous-mêmes
et pour d’autres une source de bénédictions.
A Jésus,
et non
point aux plus chères, aux plus légitimes de nos joies terrestres,
de peur d’en être tellement captivés qu’elles nous dérobent
la vue de Celui même qui nous les donne. Regardant à Lui
tout d’abord, c’est de Lui que nous recevrons ces bienfaits, plus précieux
mille fois parce que nous les tiendrons de Sa bonté, pour les confier
à Sa garde, pour en jouir dans Sa communion, et pour en user à
Sa gloire.
A Jésus,
et non
point aux instruments quels qu’ils soient, de Ses dispensations à
notre égard. Par delà les hommes, par delà les
circonstances, par delà les mille causes nommées à
si juste titre secondes, remontons jusqu’à la cause première,
Sa volonté ; remontons jusqu’à la source ce cette volonté
elle-même, Son amour. Alors notre reconnaissance, sans être
moins vive envers ceux qui nous font du bien, ne s’arrêtera pas
à eux ; alors, au jour de l’épreuve, sous le coup le
plus inattendu, le plus inexplicable, le plus accablant, nous pourrons
dire avec le Psalmiste : " Je me suis tu, et je n’ai point
ouvert la bouche, parce que c’est toi qui l’as fait ", et dans
le silence de notre muette douleur nous répondra doucement la voix
céleste : " Tu ne sais pas maintenant ce que je
fais, mais tu le sauras dans la suite. "
A Jésus,
et non
point aux intérêts de notre cause, de notre parti, de
notre église, - bien moins encore à nos intérêts
personnels. L’unique objet de notre vie, c’est la gloire de Dieu ;
si nous n’en faisons pas le but suprême de nos efforts, nous nous
privons nécessairement de Son secours, car Sa grâce n’est
au service que de Sa gloire. Si, au contraire, c’est Sa gloire que nous
cherchons avant tout, nous pouvons toujours compter sur Sa grâce.
A Jésus,
et non
point à la sincérité de nos intentions, à
la fermeté de nos résolutions. Hélas ! combien
de fois les desseins les plus excellents n’ont servi qu’à préparer
les défaites les plus humiliantes ! Appuyons-nous, non sur
nos intentions, mais sur Son amour ; non sur nos résolutions,
mais sur Sa promesse.
A Jésus,
et non
point à notre force. Notre force n’est bonne qu’à nous
glorifier nous-mêmes ; pour glorifier Dieu, il faut la force
de Dieu.
A Jésus,
et non
point à notre faiblesse. A lamenter notre faiblesse, sommes-nous
jamais devenus plus forts ? Regardons à Jésus, et Sa
force se communiquera à nos cœurs. Sa louange éclatera sur
nos lèvres.
A Jésus,
et non
point à nos péchés, à la source dont ils
procèdent, au châtiment qu’ils méritent. Ne regardons
à nous-mêmes que pour reconnaître combien nous avons
besoin de regarder à Lui, et cela non pas assurément comme
si nous n’étions point pécheurs, mais, au contraire, parce
que nous le sommes, mesurant la grandeur même de notre offense à
celle du sacrifice qui l’a expiée et de la grâce qui la pardonne.
" Pour un regard que nous portons sur nous-mêmes, disait
un éminent serviteur de Dieu portons-en dix sur Jésus. "
- " S’il est bien prouvé, dit Vinet, qu’on ne perdra
pas de vue sa misère en regardant Jésus-Christ crucifié,
parce que cette misère est comme gravée sur la croix, il
est bien prouvé aussi qu’en regardant à sa misère
on peut perdre de vue Jésus-Christ, parce que la croix n’est pas
naturellement gravée dans l’image de notre misère " ;
et il ajoute : " Regardez-vous vous-mêmes, mais en
présence de la croix, mais à travers Jésus-Christ. "
La contemplation du péché ne donne que la mort, la contemplation
de Jésus donne la vie ; ce qui guérissait l’Israélite
au désert, ce n’était pas de considérer ses plaies,
mais de lever les yeux vers le serpent d’airain.
A Jésus,
et non
point – est-il besoin de le dire ? – à notre prétendue
justice. Malade entre tous les malades est celui qui se croit en santé,
aveugle entre les aveugles celui qui pense y voir clair ; s’il est
dangereux de regarder longtemps à notre misère, hélas !
trop réelle, il est bien plus dangereux de nous reposer complaisamment
sur des mérites imaginaires.
A Jésus,
et non
point à la loi. La loi donne des ordres et ne donne point de
force pour les exécuter ; la loi condamne toujours et ne pardonne
jamais ; nous replacer sous la loi, c’est nous soustraire à
la grâce. Dans la mesure où nous faisons de notre obéissance
le moyen de notre salut, nous perdons notre paix, notre force, notre joie,
pour avoir oublié que Jésus est " la fin de la
loi en justice à tout croyant ". Aussitôt que la
loi nous a contraints de chercher en Lui notre seul Sauveur, c’est à
Lui seul aussi de nous commander l’obéissance ; une obéissance
qui ne s’étend à rien moins que notre cœur tout entier et
nos pensées les plus secrètes, mais qui a cessé d’être
un joug de fer et un fardeau insupportable pour devenir un joug aisé
et un fardeau léger ; une obéissance qu’Il rend aimable
en même temps qu’obligatoire, une obéissance qu’Il inspire
en même temps qu’Il la prescrit, et qui, à le bien prendre,
est moins une conséquence de notre salut qu’elle n’est une partie
de ce salut même, - et, comme tout le reste, une grâce.
A Jésus,
et non point à
ce que nous faisons pour Lui. Trop occupés de notre œuvre,
nous pouvons oublier notre Maître, - il est possible d’avoir les
mains pleines et le cœur vide ; occupés de notre Maître,
nous ne pouvons pas oublier notre œuvre ; si le cœur est rempli de
Son amour, comment les mains ne seraient-elles pas actives à Son
service ?
A Jésus,
et non
point au succès apparent de nos efforts. Le succès apparent
n’est pas la mesure du succès réel ; et d’ailleurs,
Dieu ne nous a pas donné ordre de réussir, mais de travailler ;
c’est de notre travail qu’Il nous demandera compte, et non pas de notre
succès, - pourquoi donc nous en préoccuper ? A nous
de jeter la semence, à Dieu de cueillir le fruit ; si ce n’est
aujourd’hui, ce sera demain ; si ce n’est par nous, ce sera par d’autres.
Lors même que le succès nous est accordé, il est toujours
dangereux d’y fixer nos regards : d’une part, nous sommes tentés
de nous en attribuer quelque chose ; d’autre part, nous nous accoutumons
ainsi à laisser se ralentir notre zèle quand nous cessons
d’en apercevoir l’effet, c’est-à-dire dans le temps même
où il faudrait redoubler d’énergie. Regarder au succès,
c’est marcher par la vue ; regarder à Jésus et persévérer
à Le suivre et à Le servir, en dépit de tous les
découragements, c’est marcher par la foi.
A Jésus,
et non
point aux dons spirituels que nous avons reçus déjà
ou que nous recevons maintenant de Lui, Quant à la grâce
d’hier, elle a passé avec l’œuvre d’hier ; nous ne pouvons
plus en faire usage, nous ne devons plus nous y arrêter ; quant
à la grâce d’aujourd’hui, donnée pour l’œuvre d’aujourd’hui,
elle nous est confiée, non pour la regarder, mais pour l’employer,
- non pour la faire sonner dans nos mains et nous estimer riches, mais
pour la dépenser aussitôt et demeurer pauvres, ""regardant
à Jésus".
A Jésus,
et non
point au degré de douleur que nous font éprouver nos
péchés, ou au degré d’humiliation qu’ils produisent
en nous. Si seulement nous en sommes assez humiliés pour ne plus
nous complaire en nous-mêmes, si nous en sommes assez affligés
pour regarder à Jésus afin qu’Il nous en délivre,
c’est tout ce qu’Il demande de nous, et c’est aussi ce regard qui, plus
que tout le reste, fera couler nos larmes et tomber notre orgueil. Et
quand il nous est donné, comme à Pierre, de pleurer amèrement,
oh ! qu’alors nos yeux voilés demeurent plus que jamais attachés
sur Lui, car notre repentance même nous deviendrait un piège
si nous pensions effacer en quelque mesure par nos larmes ces péchés
que rien n’efface, sinon le sang de l’Agneau de Dieu.
A Jésus,
Et non
point à la vivacité de notre joie, à la fermeté
de notre assurance, ou à la ferveur sensible de notre amour. Autrement,
pour peu que cet amour semble s’attiédir, que cette assurance soit
ébranlée, que cette joie vienne à nous faire défaut
– soit par l’effet de notre infidélité, soit pour l’épreuve
de notre foi – tout aussitôt, notre émotion perdue, nous
croirons avoir perdu notre force, et nous nous laisserons aller à
un abattement funeste, si ce n’est à une lâche inactivité
et peut-être à des murmures coupables. Ah ! plutôt,
souvenons-nous que si parfois l’émotion et sa douceur nous manquent,
la foi et sa puissance nous restent, et pour pouvoir " abonder
en tout temps dans l’œuvre du Seigneur ", regardons sans cesse,
non pas à nos cœurs toujours mobiles, mais à Jésus
toujours le même.
A Jésus,
et non
point au degré de sanctification où nous sommes parvenus.
Si nul ne devait se croire enfant de Dieu tant qu’il continue à
trouver des taches dans son cœur et des chutes dans sa vie, qui donc pourrait
goûter la joie du salut ? Mais cette joie n’est point à
ce prix. La sainteté est le fruit de notre rédemption, elle
n’en est pas la racine : c’est l’œuvre de Jésus-Christ pour
nous qui nous réconcilie avec Dieu, c’est l’œuvre du Saint-Esprit
en nous qui nous renouvelle à Sa ressemblance. L’imperfection d’une
foi sincère, mais encore peu affermie et peu féconde, n’altère
en rien la plénitude de l’œuvre parfaite du Sauveur, ni la certitude
de Sa promesse immuable, assurant la vie éternelle à quiconque
se confie en Lui. Aussi bien, nous reposer sur le Rédempteur est
le vrai moyen de Lui obéir, et c’est seulement dans la paix du
pardon que l’âme est forte pour la lutte. – Que s’il en est qui
abusent de cette bienheureuse vérité pour s’abandonner sans
scrupule au relâchement spirituel, s’autorisant de la foi qu’ils
pensent avoir pour faire bon marché de la sainteté qu’ils
n’ont pas, il convient de leur rappeler cette solennelle déclaration
de saint Paul : " Ceux qui sont à Christ ont crucifié
la chair avec ses passions et ses convoitises ", et celle-ci
de saint Jean : " Celui qui dit : Je l’ai connu, et
qui ne garde point ses commandements, est menteur, et la vérité
n’est point en lui " ; et cette autre de Jésus Lui-même :
" Tout arbre qui ne porte point de bon fruit est coupé
et jeté au feu. "
A Jésus,
et non
point à notre foi. La dernière ruse de l’Adversaire,
quand il ne peut nous faire regarder ailleurs, c’est de détourner
nos yeux de notre Sauveur sur notre foi, et ainsi de nous décourager
si elle est faible, de nous enorgueillir si elle est forte, dans l’un
et l’autre cas de nous affaiblir. Car ce n’est pas de la foi que vient
la force, mais du Sauveur, par la foi ; ce n’est pas en regardant
notre regard, c’est en regardant à Jésus.
A Jésus,
et c’est
de Lui et en Lui que nous apprendrons à connaître, non seulement
sans danger, mais pour le bien de nos âmes, ce qu’il est bon que
nous connaissions du monde et de nous-mêmes, de nos misères,
de nos périls, de nos ressources, de nos victoires ; voyant
toutes choses sous leur vrai jour parce que c’est Lui qui nous les fera
voir, et cela seulement dans le temps et dans la mesure où cette
connaissance portera en nous des fruits d’humilité et de sagesse,
de gratitude et de courage, de vigilance et de prière. Tout ce
qu’il est désirable que nous sachions, Jésus nous en instruira ;
tout ce que nous n’apprendrons pas de Lui, il nous vaut mieux ne pas le
savoir.
Regardant
à Jésus
pendant le temps qui nous
reste sur la terre, - à Jésus de moment en moment, sans
nous laisser distraire ni par les souvenirs d’un passé que nous
devons laisser derrière nous, ni par les préoccupations
d’un avenir dont nous ne connaissons rien ;
à
Jésus maintenant
si nous n’avons
jamais regardé à Lui,
à
Jésus de nouveau,
si nous avons
cessé de le faire,
à
Jésus seul,
à
Jésus encore,
à
Jésus toujours,
d’un regard
de plus en plus assidu, de plus en plus assuré, " transformés
en la même image de gloire en gloire " ; et ainsi
attendant l’heure où Il nous appellera à passer de la terre
au ciel et du temps à l’éternité,
l’heure promise,
l’heure bénie
où
enfin " nous Lui serons semblables, parce que nous Le verrons
tel qu’Il est ".
" IL
ACCORDE PLUS DE GRACE "
Jacques 4:6
Ah ! donne à mon
âme
Plus de sainteté,
Plus d’ardente flamme,
De sérénité ;
Plus de confiance,
Pour rester debout ;
Plus de patience,
Pour supporter tout.
Fais que je contemple
Sans cesse l’Agneau,
Son vivant exemple,
Sa croix, son tombeau ;
Sa grâce fidèle,
Son immense amour,
Sa grâce éternelle,
Son prochain retour.
Jésus, à Tes larmes
Je veux compatir ;
De toutes Tes armes
Viens me revêtir ;
Par plus de prière,
De zèle et de foi,
Que dans la lumière
Je marche avec toi.
Donne, à ton service,
Un cœur plus joyeux,
Prompt au sacrifice,
Toujours sous Tes yeux ;
Qui chante et qui tremble,
Humble en sa ferveur,
Un cœur qui ressemble
Au Tien, mon Sauveur !
PAS A PAS
O honte ! O mémoire
cruelle !
A Jésus, le Berger fidèle,
Quand il m’appelait par mon nom,
Insensé, j’ai répondu
Non !
De Lui j’ai détourné
ma face,
J’ai crié : " Pour
toi point de place !
De tes bienfaits je ne veux rien ;
Laisse-moi tout mon cœur et garde tout
le Tien ! "
Pourtant il sut trouver mon
âme ;
Je le vis, sur le bois infâme,
Navré d’opprobre et de douleur,
Priant : " Père,
pardonne-leur ! "
Et devant sa beauté sanglante,
Je lui dis d’une voix tremblante :
" Sois mon modèle,
mon soutien,
Et répands dans mon cœur quelque
chose du Tien ! "
De jour en jour, de grâce
en grâce,
Sa clémence qui rien ne lasse,
Douce étoile à mon horizon,
Fut ma joie et ma guérison.
A cet ami si fort, si tendre,
Ma requête se fit entendre :
" Daigne, ô Christ !
me rendre chrétien,
Plus pauvre de mon cœur et plus riche
du Tien !
Plus haute que les cieux sublimes,
Plus profonde que les abîmes,
Plus vaste que l’immensité,
Dieu Sauveur, est Ta charité !
Je suis vaincu, je rends les armes,
Et, baignant Tes pieds de mes larmes,
Je soupire après un seul bien :
" Viens m’ôter tout mon cœur, me donner tout le Tien ! "
Plus profonde que les abîmes,
Plus vaste que l’immensité,
Dieu Sauveur, est Ta charité !
Je suis vaincu, je rends les armes,
Et, baignant Tes pieds de mes larmes,
Je soupire après un seul bien :
" Viens m’ôter tout mon cœur, me donner tout le Tien ! "
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